Le vaste plan révélé mardi par le président Barack Obama pour combattre le changement climatique a été largement salué par les groupes de défense de l'environnement qui le juge crédible mais soulignent que la bataille est loin d'être gagnée.

Pour l'ancien vice-président Al Gore, il s'agit «du meilleur discours sur le climat jamais prononcé par un président».

«J'applaudis les nouvelles mesures annoncées par le président Obama pour aider à résoudre la crise climatique, surtout la décision de limiter la pollution carbonique de toutes les centrales électriques», écrit sur son blog le co-lauréat du prix Nobel de la Paix 2007 pour son engagement dans la lutte contre le réchauffement, grâce en particulier au film An Inconvenient Truth.

Le principal obstacle pour M. Obama sera de finaliser, avant la fin de son mandat début 2017, des normes fédérales forçant les centrales électriques au charbon à réduire leurs émissions de CO2, qui représentent un tiers des gaz à effet de serre émis aux États-Unis, juge Alden Meyer, responsable de la stratégie pour l'Union of Concerned Scientists.

«Les normes d'émission des centrales au charbon est la priorité numéro un et le président devra s'assurer qu'elles seront finalisées bien avant qu'il ne quitte la Maison-Blanche», souligne-t-il.

M. Obama est le premier président américain à s'attaquer aux émissions de CO2 des centrales électriques au charbon qui fournissent encore plus de 37% de l'électricité des États-Unis.

Il demande à l'Agence de protection de l'environnement (EPA) de proposer des normes réglementant le dioxyde de carbone (CO2) des centrales au charbon d'ici juin 2014 et de les finaliser en 2015.

Pour Alden Meyer réglementer les émissions de carbone ne sera pas suffisant, il faudra en plus un mécanisme pour taxer le carbone afin de décourager les pollueurs et encourager les énergies propres comme le solaire et l'éolien.

«Nous aurons également besoin de donner un prix aux émissions carboniques qui reflétera les coûts grandissants du changement climatique et le Congrès devra alors agir», explique-t-il.

Le sénat américain à majorité démocrate avait rejeté en 2010 un projet de loi prévoyant la création d'un marché d'émissions de CO2 (Cap and trade) qui aurait pénalisé les plus gros pollueurs. 

«La guerre au charbon»

Eileen Clausen présidente du Center for Climate and Energy Solutions, une ancienne de l'Administration Clinton, juge «crédible cette stratégie étendue d'utiliser les outils à la disposition du président pour muscler la réponse contre le changement climatique».

Mais ajoute-t-elle «mettre en oeuvre ce programme va être extrêmement difficile... et requéra un plein engagement présidentiel pour traduire les bonnes intentions en mesures concrètes».

Pour Bill Snape du Center for Biological Diversity à Washington, l'initiative de M. Obama «n'est pas assez ambitieuse et ne va pas assez vite pour faire face à l'ampleur terrifiante de la crise climatique.»

Le plan Obama a reçu un accueil favorable en Europe. «Je me félicite naturellement de voir que les Etats-Unis avancent finalement sur le climat», a déclaré la commissaire européenne sur le climat, la danoise Connie Hedegaard.

De leur côté, les producteurs américains d'électricité représentés par l'Edison Electric Institute (EEI) «veulent être sûrs que toutes nouvelles politiques ou réglementations pour réduire les émissions de CO2 des centrales au charbon prévoient des limites et un calendrier réalistes et minimisent les coûts pour les consommateurs».

Pour sa part l'opposition républicaine a accusé M. Obama d'avoir «déclaré la guerre au charbon» en imposant des réglementations coûteuses et fixant des objectifs environnementaux qu'elle irréalistes aux opérateurs des centrales électriques.