Les autorités américaines devraient donner le feu vert au projet d'oléoduc Keystone XL seulement si elles ont la certitude que celui-ci ne fera pas augmenter de façon «significative» les émissions de gaz à effet de serre (GES) des États-Unis, a déclaré mardi Barack Obama.

Le président américain y est allé de cette annonce en dévoilant les grandes lignes du plan de son administration en matière de changements climatiques.

M. Obama a donné son avis sur le projet canadien lors de ce discours même si certains s'attendaient à ce qu'il ne prenne pas position dans ce débat controversé, qui doit être tranché par le département d'État, parce que l'oléoduc traversera la frontière canado-américaine et plusieurs États.

Le président a signalé qu'il était impératif d'obtenir la certitude que la construction de la portion nordique de l'oléoduc Keystone XL ne ferait pas bondir les émissions de GES au pays avant d'aller de l'avant. Et la construction de l'oléoduc doit être dans l'intérêt national des États-Unis, a ajouté le président devant une foule massée à l'université de Georgetown, à Washington D.C.

Les écologistes font pression depuis des mois sur le président afin de le convaincre de ne pas approuver ce projet d'oléoduc de la société TransCanada, qui assurerait le transport de pétrole issu des sables bitumineux albertains jusqu'aux raffineries du golfe du Mexique.

Le président et directeur général de TransCanada, Russ Girling, a récemment affirmé qu'il était confiant d'obtenir l'approbation de l'administration Obama.

Les responsables du département d'État avaient conclu, dans un rapport rendu public en mars dernier, que l'oléoduc aurait un impact minime sur les émissions de GES. Cette conclusion avait été accueillie avec scepticisme par la puissante Agence de protection environnementale (EPA) des États-Unis.

TransCanada a pour sa part plaidé que même si l'exploitation de sables bitumineux doublait en Alberta, les niveaux d'émissions de GES mondiaux seraient négligeables.

De son côté, le gouvernement canadien continue de défendre ardemment le projet.

Le ministre canadien des Ressources naturelles, Joe Oliver, a déclaré mardi que, grâce au rapport du département d'État, la Maison-Blanche avait déjà la preuve que le pipeline Keystone XL n'influencerait pas les émissions de GES.

«Le département d'État a fait deux études approfondies et indépendantes à ce sujet, et la dernière a conclu qu'il n'y aurait pas de hausse des émissions de GES, a soutenu M. Oliver à Toronto. Ce pipeline a été le pipeline le plus étudié de l'histoire de l'humanité.»

Barack Obama avait rejeté en 2012 la demande initiale de permis de TransCanada, à cause de préoccupations sur le tracé de l'oléoduc, qui aurait traversé un réservoir aquifère au Nebraska. Il avait invité l'entreprise de Calgary à soumettre une nouvelle demande avec un tracé différent, ce que TransCanada avait fait l'automne dernier.

Le département d'État a depuis donné son aval à ce nouvel itinéraire, malgré des allégations d'écologistes selon lesquelles les risques pour la région des Sand Hills du Nebraska demeurent importants.

Mardi, plusieurs groupes écologistes ont toutefois salué le plan de M. Obama en matière de changements climatiques et plus particulièrement sa déclaration sur l'oléoduc Keystone XL.

«La référence au pipeline Keystone XL n'est pas de bon augure pour les partisans du projet, a indiqué John Bennett, directeur général de Sierra Club Canada. Dire qu'il ne pourra être approuvé que s'il ne mène pas à une augmentation des émissions de GES équivaut clairement à un arrêt de mort pour Keystone XL parce que c'est impossible.»

De son côté, Greenpeace Canada a exhorté le président américain à tenir parole, soutenant  que le pipeline ferait bondir les émissions de GES.

«Dix-huit spécialistes des changements climatiques ont déjà expliqué que ce pipeline produirait une augmentation des émissions de carbone. L'industrie et le gouvernement canadien ont aussi affirmé que le projet Keystone est une pièce clé dans l'expansion des sables bitumineux, ce qui produirait aussi une hausse des émissions de CO2», a fait valoir Patrick Bonin, le responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada.

La décision finale du département d'État en ce qui a trait à ce projet d'une valeur de 7,6 milliards $ est attendue à l'automne.