Le compte à rebours jusqu'au rendez-vous climat de Paris en 2015, qui doit accoucher d'un accord crucial, a été lancé à Bonn où des pourparlers onusiens se sont achevés vendredi sur une note plutôt positive malgré des tensions avec la Russie.

«Nous sommes encouragés par les progrès qui ont été réalisés ici», a déclaré à la presse la responsable climat de l'ONU, Christiana Figueres.

«Les gouvernements sont de plus en plus concentrés sur l'ambition qu'il va falloir déployer ces prochaines années», a-t-elle estimé.

L'objectif est de parvenir lors de la conférence de l'ONU prévue à Paris en 2015 à un accord global contraignant tous les pollueurs à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES).

L'ambition est de contenir le réchauffement à 2 °C par rapport aux niveaux pré-industriels, un défi à l'issue incertaine au regard des maigres résultats obtenus jusqu'à présent dans le cadre de ce long et difficile processus de négociations à plus de 190 pays lancé en 1995.

Selon les estimations, les efforts déployés mettent plutôt la planète sur une trajectoire de 3 à 5 °C.

Durant dix jours de pourparlers organisés en tables rondes, des délégations du monde entier ont exposé leur vision sur la façon d'avancer vers l'accord de 2015.

«Un voyage de 10 000 km commence par un premier pas, et nous en avons fait plusieurs», a déclaré le vice-président du groupe de travail sur l'accord de 2015, l'Indien Jayant Moreshver Mauskar.

«Mais les vraies difficultés sont désormais devant nous», a-t-il prévenu, faisant allusion aux engagements que les différents États seront prêts à prendre pour réduire leurs GES, et la forme juridique du futur accord.

L'Union européenne cherche à promouvoir un système où tous les pays indiqueraient dans un premier temps les efforts qu'ils sont prêts à consentir, mais qui serait doté d'un mécanisme pour hausser le niveau d'ambition.

Le groupement d'ONG, Climat Action Network, a appelé les parties à s'engager à mettre leurs promesses sur la table d'ici 2014.

«Avoir suffisamment de temps pour négocier ces engagements est vital pour éviter le type de chaos de dernière minute qui a fait du sommet de Copenhague en 2009 un tel désastre», a déclaré Ruth Davis, de Greenpeace.

De son côté, le groupe des pays en développement (G77) et de la Chine a réaffirmé qu'il ne devait pas être logé à la même enseigne que les pays industrialisés, historiquement responsables du réchauffement, sujet qui s'annonce comme l'un des points épineux.

Deux grandes conférences de l'ONU précèderont celle de 2015, à Varsovie à la fin de l'année et au Pérou en 2014. Autre grand rendez-vous très attendu : celui lancé par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon aux leaders du monde à New York à l'automne 2014.

«2013 a clairement été l'année du «brainstorming». C'est totalement normal et acceptable, mais il faut vraiment que ça s'arrête en 2013», a déclaré le délégué russe Oleg Chamanov au site RTCC.

La Russie a été à l'origine du blocage total des travaux d'un autre groupe, exigeant de mettre à l'ordre du jour la question des procédures de prises de décision, par consensus, dans ces négociations internationales.

Moscou a été ulcéré par la façon dont l'accord de Doha fin 2012 a été adopté en dépit de ses protestations.

«C'est un contretemps regrettable (...) dans la mesure où aucun travail formel n'a été fait», a déclaré l'envoyé de l'UE, Jürgen Lefevere. Même si sur le fond, «tous les gouvernements sont d'accord sur le fait que le processus de décision doit être revu», a reconnu Mme Figueres.

Aussi, il n'a pas été possible d'avancer sur la question des réparations aux pays du Sud pour les «pertes et dommages» causés par le réchauffement. Les pays les plus vulnérables insistent beaucoup sur la mise en place d'un mécanisme responsable de cette question à Varsovie.