Faut-il revoir le processus de prise de décision dans les négociations internationales sur le climat ? Cette question cruciale, portée par les Russes, a empoisonné les pourparlers en cours à Bonn, au point de torpiller mardi tout un pan des discussions.

«La situation est des plus malheureuses», a résumé la responsable climat de l'ONU Christiana Figueres, dans un discours retransmis sur internet, au terme d'une séance plénière d'un groupe de travail qui, après une semaine, a clos ses travaux sans jamais avoir pu les lancer.

La réunion de Bonn, qui dure jusqu'au 14 juin, vise à préparer la grande conférence de Varsovie à la fin de l'année, étape cruciale pour bâtir le grand accord global attendu en 2015 et qui doit engager tous les grands pollueurs de la planète à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

Ulcérés par la façon dont l'accord de Doha, fin 2012, a été adopté en dépit de leurs protestations, les Russes, appuyés par l'Ukraine et le Belarus, ont réclamé à Bonn un débat sur les modalités de prises de décision au sein de ce processus onusien qui, depuis 20 ans, cherche à mettre plus de 190 pays d'accord sur la lutte contre le réchauffement.

Les décisions sont prises au consensus et non à l'unanimité. Aussi, depuis quelques années, nombre d'accords sur le climat ont été adoptés en dépit de l'opposition de quelques pays.

«Que veut dire "consensus" ?» (...) Notre processus est très malade», a déclaré jeudi en séance plénière le délégué russe, Oleg Chamanov. «Il n'y a pas que les glaciers qui fondent. Notre processus fond aussi», a-t-il insisté, jugeant «absolument nécessaire d'examiner la façon dont nous prenons des décisions».

La Russie insistait pour que cette question soit inscrite à l'ordre du jour des travaux d'un des trois grands groupes de travail, le SBI (Subsidiary body for implementation).  Face au refus du président du groupe, les travaux ont été ajournés mardi.

«Je me demande ce que pensent de nous les gens à l'extérieur de cette pièce», a lancé le délégué de Tuvalu, État insulaire directement menacé par la montée des eaux imputable au changement climatique. «Devons-nous nous enterrer dans des questions de procédure et ne pas régler les questions importantes ?», a-t-il ajouté, applaudi par de nombreux autres délégués.

Le SBI est en charge de l'application des décisions et des procédures. Le gros de l'accord prévu en 2015 est négocié en parallèle et ces travaux n'ont pas été affectés par ce contretemps.