L'Agence internationale de l'énergie a appelé lundi les États à mettre en oeuvre sans tarder quatre mesures en matière d'énergie qui pourraient sauver, selon elle, l'objectif de contenir le réchauffement de la planète à 2 degrés, qui s'éloigne dangereusement.

Dans un rapport sur la problématique énergie-climat, l'AIE a confirmé ses mises en garde précédentes sur la question du réchauffement.

«Si nous continuons sur la trajectoire actuelle, l'augmentation de la température ne sera pas de 2 degrés, mais de 5,3 degrés (par rapport à l'époque préindustrielle, NDLR), ce qui aurait des conséquences désastreuses en termes d'évènements climatiques extrêmes, d'élévation du niveau de la mer et entraînerait d'énormes coûts économiques et sociaux», a prévenu la directrice générale de l'AIE, Maria van der Hoeven, lors de la présentation du rapport lundi à Londres.

Les négociations internationales sur le climat menées sous l'égide de l'ONU visent officiellement à contenir le réchauffement à deux degrés Celsius.

Mais cet objectif s'éloigne, comme le montre le «niveau record» d'émissions de CO2 atteint en 2012, à 31,6 gigatonnes, en hausse de 1,4 % par rapport à 2011, selon les calculs de l'AIE.

Pour revenir dans les clous, l'AIE, bras énergétique de l'OCDE, propose quatre séries de mesures, qui permettraient de réduire de 3,1 gigatonnes les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2020, soit 80 % des économies recherchées par l'objectif de 2 degrés.

Ces mesures «ne permettent pas d'atteindre (complètement) l'objectif de 2 degrés, mais en ces temps de difficultés économiques, elles feront du bon travail», a justifié l'économiste en chef de l'AIE, Fatih Birol, lors de la conférence de presse.

Ce scénario, baptisé «4 pour 2°», ne devrait pas avoir d'impact négatif sur la croissance économique et s'appuie uniquement sur des technologies existantes et déjà mises en oeuvre avec succès dans plusieurs pays.

Le premier paquet de mesures, qui pèse pour la moitié des réductions d'émissions envisagées, consiste à multiplier les efforts d'efficacité énergétique dans le bâtiment, les transports et l'industrie. Leur coût étant plus que compensé par les économies d'énergies réalisées, selon les projections de l'agence.

Deuxième proposition : limiter l'utilisation et la construction de centrales électriques au charbon à bas rendement, extrêmement polluantes, et augmenter le recours au gaz et aux énergies renouvelables.

La troisième piste consiste à réduire les rejets de méthane (autrement dit de gaz naturel non brûlé, à fort effet de serre) de l'industrie pétrolière et gazière.

Enfin, l'AIE appelle à supprimer graduellement les subventions à la consommation de carburants fossiles en place dans de nombreux pays.

Selon les calculs de l'agence, si les États ne décidaient pas d'agir dès maintenant pour respecter la cible des 2 degrés, ils économiseraient 1500 milliards de dollars, mais il leur en coûterait alors 5000 milliards à partir de 2020 pour atteindre le même but.

«La question n'est pas si nous pouvons nous permettre les investissements nécessaires; le fait est que nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre d'attendre», a prévenu Maria van der Hoeven.

«Une fois encore, on nous rappelle qu'il y a un écart entre les efforts actuels et l'engagement nécessaire pour contenir le réchauffement à 2 degrés Celsius. Une fois encore, on nous rappelle que cet écart peut être effacé au cours de cette décennie», a réagi dans un communiqué la responsable climat de l'ONU, Christiana Figueres.

«En prenant les mesures décrites dans ce rapport, les entreprises et les gouvernements de tous les niveaux peuvent accélérer l'action (contre le réchauffement) climatique et ouvrir l'espace politique pour un accord universel sur le climat», espère-t-elle.