Le réchauffement climatique fera augmenter l'étendue des incendies de forêt en zone boréale, selon une nouvelle recherche d'une équipe québécoise publiée dans la prestigieuse revue Proceedings, de l'Académie nationale des sciences des États-Unis.

«On sait déjà que dans le futur, les feux de forêt vont augmenter en nombre et en proportion de territoire, dit Martin P. Girardin, chercheur scientifique au Service canadien des forêts. Il y a consensus là-dessus.

«L'aspect nouveau qu'on rapporte concerne l'importance des feux. Bien qu'on en ait de moins en moins depuis 3000 ans, leur importance s'est accrue.»

Ce phénomène semble s'être accentué récemment, ajoute-t-il. «Si on regarde les données de la SOPFEU depuis 40 ans, on voit qu'une augmentation de la température de 1 degré est suffisante pour en tripler la taille», dit M. Girardin.

Lui et son équipe de chercheurs, dirigés par Yves Bergeron de l'UQAT, ont analysé les traces de feu et les pollens dans les sédiments de neuf lacs de la région comprise entre le Témiscamingue et Chibougamau.

Ils ont ainsi pu reconstituer la relation entre la fréquence et l'étendue des feux et les conditions climatiques qui ont prévalu depuis 6000 ans. «On a essayé de trouver dans le passé un analogue de la situation future», explique M. Girardin.

Dans la zone d'étude, le réchauffement devrait atteindre 2 degrés en 2050 et 4 degrés à la fin du siècle, sans hausse des précipitations au printemps et à l'été, ce qui devrait entraîner un assèchement climatique. Les chercheurs concluent que cette situation occasionnera des incendies de forêt de plus en plus importants. «Les agences de prévention des feux pourraient rapidement être débordées et les communautés seraient plus à risque», affirme M. Girardin.