Le changement climatique, la croissance de la population mondiale et les dégâts causés à l'environnement pourraient mener à l'effondrement de l'écosystème de notre planète en quelques générations, a averti un groupe de chercheurs mercredi dans la revue scientifique Nature.

Les auteurs du document rédigé sur la base des recherches effectuées par 22 scientifiques de haut niveau affirment que le « point de non-retour », indiquant que des changements irréversibles ont eu lieu dans la biosphère avec des impacts catastrophiques potentiels pour l'humanité, pourrait être atteint en l'espace d'un siècle à compter d'aujourd'hui.

Cette mise en garde, publiée à moins de 10 jours de l'ouverture du sommet mondial Rio+20 consacré au développement durable, contraste avec l'avis général des chercheurs selon lesquels l'effondrement du système serait progressif et ne devrait intervenir que dans plusieurs siècles, même si l'état de l'environnement de la planète est mauvais, voire très mauvais.

L'étude de Nature, associant biologistes, écologues, géologues et paléontologues de trois continents, compare l'évolution des impacts sur l'environnement jusqu'à nos jours.

Les facteurs pris en compte pour l'analyse de la situation actuelle incluent l'accroissement de la population mondiale qui devrait passer de sept milliards d'habitants à 9,3 milliards d'ici à 2050 et un réchauffement climatique supérieur aux deux degrés, par rapport à l'époque préindustrielle, qui sont l'objectif fixé pendant les négociations mondiales sur le climat en 2010.

Irréversible

L'équipe des chercheurs a déterminé que lorsque 50 à 90 % des petits écosystèmes sont altérés, l'ensemble du réseau des écosystèmes risque de sombrer dans un nouvel état caractérisé en particulier par l'extinction des espèces. Et lorsque ce changement a lieu, il est généralement irréversible.

Pour alimenter la population mondiale actuelle, 43 % des terres utilisables ont été converties en terres agricoles ou en zones d'habitation, selon l'étude.

Si la tendance actuelle se poursuit, le seuil des 50 % d'écosystèmes altérés sera atteint d'ici à 2025. Et dans ce cas, l'approvisionnement alimentaire de la population mondiale serait menacé, car les régions « greniers à grains » ne pourraient plus assurer une production suffisante, ni assurer des élevages suffisants de bétail.

Cependant, le manque de connaissances sur ce « point de non-retour » ne permet pas de faire de prévisions précises, indiquent les chercheurs, qui parlent d'un laps de temps d'à peine « quelques générations », comme l'a expliqué l'auteur principal, Anthony Barnosky, professeur à l'Université de Californie à Berkeley.

Pour y remédier, ils évoquent plusieurs solutions, notamment arrêter tous les modèles de croissance non durable et de gaspillage des ressources naturelles, soulignant que l'effondrement n'est pas inévitable.