Les glaciers des sommets de l'Himalaya ont vu leur masse s'accroître au XXIe siècle, selon une récente étude. Paradoxalement, c'est le résultat du réchauffement de la planète, qui augmente les précipitations.

«Au sommet de l'Himalaya, le réchauffement de la planète ne fait pas fondre les glaciers parce que la température reste sous le point de congélation», explique John Wahr, climatologue à l'Université du Colorado, qui a travaillé avec des collègues allemands sur des données de deux satellites lancés expressément pour cette tâche en 2002. «Il y a plus de précipitations, donc il y a plus de neige sur les glaciers.»

Erreur d'une étude de l'ONU

La portion himalayenne de l'étude a attiré l'attention des médias parce que l'un des rapports de l'ONU sur le réchauffement de la planète a affirmé à tort que les glaciers de l'Himalaya fondraient d'ici à 2035. Cette erreur était basée sur un lapsus d'un chercheur dans une entrevue au New Scientist, magazine scientifique britannique.

C'est la première fois que les 200 000 glaciers du monde sont étudiés directement. Jusqu'à maintenant, les données de 120 glaciers de basse altitude, où sont installés des instruments de mesure, étaient extrapolées aux autres glaciers. L'étude de M. Wahr, publiée en février dans la revue Nature, constate que les glaciers terrestres - une catégorie qui exclut le Groenland et l'Antarctique - contribuent moins que prévu à la hausse du niveau de la mer, 0,4 mm par an au lieu de 1 mm.

Les glaciers du Groenland et de l'Antarctique, quant à eux, sont surtout touchés par la hausse de la température des mers où baignent leurs contreforts. Leur désagrégement fait grimper de 1 mm par an le niveau de la mer, qui est de plus modifié par l'expansion thermique des océans (l'eau plus chaude occupe un volume plus grand).

Les glaciers arctiques du Canada sont derrière ceux de l'Antarctique et du Groenland dans le palmarès des glaciers qui fondent le plus. Outre l'Himalaya, les glaciers de la Sibérie et du Caucase sortent aussi gagnants du réchauffement de la planète, encore à cause des précipitations. Cette semaine, une étude australo-américaine de la revue Science a conclu que les précipitations augmenteront deux fois plus que prévu à cause du réchauffement.