Les régions du nord de l'Europe risquent de devenir plus favorables à la propagation du moustique tigre, vecteur de nombreuses maladies infectieuses, selon des modèles d'évolution climatique présentés mercredi dans la revue Interface de la Royal Society britannique.

Aedes albopictus, communément appelé «moustique tigre», véhicule la dengue ou le chikungunya, mais aussi la fièvre jaune ou encore le virus du Nil occidental, entre autres.

Depuis quelques décennies, il est en forte expansion dans le monde, en zone non tropicale.

Arrivé en Europe à la fin des années 1970 par le biais de marchandises (notamment des pneus usagés), il est désormais implanté dans 17 pays européens, dont la France.

Des cas autochtones de dengue et de chikungunya ont été déclarés en 2010 dans les départements du Var et des Alpes-Maritimes (sud-est). À l'été 2010, un cas de dengue a également été diagnostiqué chez un touriste allemand de retour de Croatie.

En France, le moustique tigre a réussi à s'établir dans les Alpes-Maritimes (2004), en Haute-Corse (2006), en Corse-du-Sud et dans le Var (2007), ainsi que dans les Alpes-de-Haute-Provence et les Bouches-du-Rhône (2010), aussi dans le sud-est.

Il a été identifié en septembre 2011 dans la région Aquitaine (sud-ouest). Les autorités sanitaires ont annoncé le 13 avril qu'il allait faire l'objet d'une surveillance renforcée sur la façade Atlantique.

Sa reproduction est favorisée par les eaux stagnantes (soucoupes des pots de fleurs, vases, gouttières mal entretenues, etc.).

Des hivers plus doux

Selon des chercheurs de l'université de Liverpool, qui ont examiné les relevés météorologiques européens depuis 1950, la combinaison de conditions climatiques (température, humidité, précipitations) et de facteurs environnementaux peuvent avoir favorisé l'expansion du moustique tigre.

Des années 60 aux années 80, le sud de la France, le nord de l'Italie, le nord de l'Espagne, la côte est de la mer Adriatique et l'ouest de la Turquie ont présenté des conditions climatiques propices à son installation.

«Pendant les deux dernières décennies, les conditions climatiques sont devenues plus propices sur le centre du Nord-Ouest de l'Europe - Benelux, ouest de l'Allemagne - et dans les Balkans», avertissent les chercheurs.

Dans ces deux régions, les hivers sont devenus progressivement plus doux et les étés plus chauds et plus humides. Parallèlement, avec une atmosphère plus sèche, le sud de l'Europe est devenu moins accueillant pour l'insecte.

Les chercheurs ont utilisé un outil de modélisation informatique pour simuler les tendances météorologiques pour 2030-2050.

«Des tendances similaires sont vraisemblables à l'avenir, avec un risque simulé accru sur le nord de l'Europe et en légère diminution sur le sud», expliquent-ils.

«Ces changements sont liés à des conditions plus humides et plus chaudes favorisant l'hivernage d'A. albopictus dans le nord, et des étés plus secs et plus chauds qui pourraient limiter son expansion vers le sud», ajoutent-ils.

L'étude souligne cependant que l'implantation du moustique dépend d'autres facteurs que les seuls facteurs météorologiques. Les chercheurs n'ont par exemple pas tenu compte des types de végétation ou de sols, déterminants pour la reproduction de l'insecte.