Des experts soutiennent que la tardive formation de la glace hivernale cette année dans la baie d'Hudson a mené certains ours polaires au bord de la famine.

Les ours n'ont pas été en mesure de se déplacer sur la glace pour chasser avant la fin novembre, et certains ont dû se résoudre à se nourrir dans d'anciennes décharges aux alentours de Churchill, au Manitoba.

David Barber, l'un des plus importants chercheurs de l'Arctique, a déclaré que les ours polaires avaient perdu six semaines de temps de chasse sur la glace en raison des changements climatiques. Il ajoute que la baie ne gèle souvent pas avant le début de décembre, et fond rapidement au printemps.

«Les ours se placent le long de la côte, en attendant que la glace se forme», explique M. Barber, qui occupe la Chaire de recherche canadienne en sciences de l'Arctique de l'Université du Manitoba. «En gros, ils sont tous en train de mourir de faim. Ils en sont rendus à leur limite biologique.»

Les ours polaires ont besoin de la chasse hivernale pour accumuler assez de graisse afin de passer à travers les mois maigres de l'été, sur la terre ferme. Les ours perdent environ un kilogramme de gras par jour lorsqu'ils ne sont pas sur la glace. En tenant compte du fait qu'ils ne sont quelques fois pas sur la glace pendant des périodes allant jusqu'à 150 jours, ils peuvent maigrir d'au moins 100 kilos. Certaines bêtes sont ainsi émaciées lorsque les temps froids reviennent.

Peter Ewins, du Fonds mondial pour la nature, soutient qu'il a aperçu des ours polaires affamés lors d'une visite à la mi-novembre, et que la population est en danger.

Le Canada abrite environ les deux tiers de la population mondiale d'ours polaires, mais des experts croient que les changements climatiques pourraient mener à l'extinction de la population de la baie d'Hudson d'ici quelques décennies.

«Nous ne nous attendons pas à ce que la situation dans la baie revienne à ce qu'elle était dans les années 1970», a prédit M. Barber. «Nous nous attendons plutôt à ce qu'elle continue de se détériorer.

«Si les ours ne peuvent pas retourner sur la glace avant la fin novembre ou le début décembre en ce moment, d'ici 20 ans, le délai aura allongé de trois semaines. Ils sont actuellement au maximum de leur capacité de se nourrir à l'intérieur de cette période.»

Daryll Hebman, responsable régional de la vie sauvage travaillant pour l'organisme Manitoba Conservation, a déclaré avoir examiné les températures dans le Nord et a constaté qu'elles n'avaient pas encore chuté sous les -40 degrés. Or, ce niveau est selon lui crucial pour solidifier la glace et la rendre sécuritaire pour la chasse.