Pour redonner du rythme à des négociations climatiques qui se cherchent un nouveau cap, l'Europe tente un coup de poker à Durban, en Afrique du Sud, mais les États-Unis et la Chine, sans qui rien ne se fait dans cette arène, semblent peu disposés à entrer dans son jeu.

Discussions sur un calendrier

Les Européens veulent que soient discutés le principe, mais aussi le calendrier d'un traité, qui serait signé en 2015, pour entrer en vigueur vers 2020, pour imposer à tous les pays des objectifs de réduction d'émissions de dioxyde de carbone (CO2). Ils ont fait de cette question une condition à un nouvel engagement contraignant dans le cadre du protocole de Kyoto.

Mais le négociateur en chef américain, sur un ton toujours égal mais ferme, n'a pas voulu leur laisser trop d'espoirs.

«Je ne suis pas certain que la question de la forme juridique sera résolue ici, ou ait besoin d'être résolue ici», a souligné Jonathan Pershing dès le début de la conférence de l'ONU. Il a rappelé que la majorité des pays avaient déjà des promesses volontaires pour réduire leurs gaz à effet de serre (GES).

Ce nouveau cadre voulu par les Européens imposerait des objectifs de réduction de GES à tous les pays et plus seulement aux pays industrialisés soumis à des engagements dans Kyoto, qui couvre aujourd'hui moins de 30% des émissions globales.

«Nous sommes à un moment où nous voulons annoncer des fiançailles et que ces fiançailles aillent vers un mariage à un moment donné», résume le négociateur en chef européen, Artur Runge-Metzger.

La volonté affichée des Européens est de redonner un cap à un processus onusien à la peine depuis Copenhague, à la fin de 2009, et qui, au vu des seules promesses volontaires des pays, ne permet pour le moment pas de limiter le réchauffement à moins de 2 °C.

Politique intérieure américaine

Mais les Américains, paralysés par leur situation politique intérieure, se montrent tout aussi fermes dans les discussions informelles que devant la presse, précise un négociateur, qui estime que les délégués américains «auront sans doute plus de chances de se faire applaudir à Washington s'ils reviennent en disant que le processus est en train de mourir».

«D'une certaine façon, c'est une sorte de pari que tente l'Europe avec le risque de ne rien avoir à la fin», observe Wendel Trio, directeur du collectif d'ONG Climate Action Network Europe.

La meilleure façon pour l'Europe de contourner l'obstacle américain serait que «la Chine et l'Europe puisse développer un compromis, puis le vendre au reste du monde, cela isolerait les États-Unis», ajoute-t-il.

La Chine sur ses gardes

La Chine, engagée dans un programme de verdissement de son économie, serait cette année plus «flexible», estiment plusieurs observateurs.

Un négociateur chinois a toutefois indiqué à l'AFP que l'Europe demandait «trop» en souhaitant un «mandat» qui fixerait dès aujourd'hui un calendrier avec un traité qui serait signé en 2015 pour entrer en vigueur vers 2020.

Rappelant que la Chine s'est fixé des objectifs volontaires pour contenir ses émissions de gaz à effet de serre pour 2020, M. Li a souligné que son pays «ferait plus après 2020».

«Nous envisageons que nous serons plus développés à ce stade, et nous contribuerons davantage à l'effort global contre le changement climatique, c'est certain», a continué le représentant de la Chine, premier pays émetteur de CO2.

Le porte-parole du groupe Afrique (54 pays), Seyni Nafo, s'étonne pour sa part qu'on attende plus d'ambitions de la part de la Chine: «Les États-Unis nous ont habitués à prendre ce rôle de leadership, sur la question de la démocratie, l'accès au marché, pourquoi ce n'est pas le cas sur cette question centrale?»