L'augmentation du nombre d'ouragans n'est pas due au réchauffement de la planète, mais est plutôt liée à la capacité de les détecter. Telle est la conclusion d'une équipe d'ingénieurs et de géophysiciens américains, qui viennent de publier une nouvelle étude.

«Quand on regarde le nombre d'ouragans depuis la fin du XIXe siècle, l'augmentation de la fréquence s'observe seulement parmi ceux qui durent moins de deux jours», explique Gabriele Villarini, chercheur en génie civil à l'Université Princeton, en entrevue cette semaine, juste avant son départ pour une conférence internationale sur les ouragans, en Grèce, où il présentait ses résultats. «Il y en a cinq fois plus que dans la première moitié du XXe siècle. Ce sont des ouragans difficiles à détecter. Il a fallu des innovations telles que les navires de recherche dans les années 60 et les satellites dans les années 70 pour y arriver. Et il y a encore des améliorations au niveau des algorithmes permettant d'interpréter les données satellites, ce qui explique que l'augmentation du nombre de petits ouragans détectés continue au XXIe siècle.»

Le nombre de tempêtes tropicales de plus de deux jours dans l'Atlantique, la zone étudiée par M. Villarini et ses collègues, oscille entre 5 et 10 par année, avec des pointes à 20 à trois reprises depuis 1875 (la dernière fois en 2005). Certaines de ces tempêtes n'atteignent pas le seuil de l'ouragan. Les tempêtes tropicales de moins de deux jours, elles, n'ont jamais dépassé 10 par année.

«Les modèles de réchauffement de la planète prédisent qu'il y aura plus d'ouragans, entre autres événements climatiques extrêmes», dit M. Villarini, qui publie ses résultats dans le Journal of Geophysical Research. «Mais jusqu'à maintenant, on ne peut pas observer cet effet. L'effet des algorithmes sur la détection des ouragans est difficile à quantifier, mais il semble qu'ils continuent à être affinés. Et de toute façon, même s'il n'y avait pas eu beaucoup d'amélioration dans les capacités de détection liées aux algorithmes, on ne pourrait pas tirer de conclusions sur une période aussi courte que 20 ou 30 ans. Les ouragans sont des événements trop rares pour qu'on puisse tirer des conclusions aussi rapidement.»