Le Canada a dû répondre à plusieurs questions embarrassantes à la conférence des Nations unies sur le climat à Bonn, en Allemagne, hier.

Le Royaume-Uni, l'Australie, le Liban, la Chine et les Philippines ont tour à tour souligné le manque d'action et le peu d'ambition du pays dans sa lutte contre les changements climatiques. C'est ce qui ressort de la vidéo des échanges d'hier matin, diffusés sur le site web des Nations unies.

Le Royaume-Uni a demandé au représentant canadien pourquoi son pays avait raté sa cible du protocole de Kyoto. La réponse: le Canada fera son bilan de Kyoto en 2014. En attendant, il se concentre sur l'objectif de Copenhague, non contraignant et moins exigeant.

Autre question du Royaume-Uni: comment le Canada intègre-t-il la science du climat dans l'établissement de ses cibles de réduction, par exemple la nécessité de limiter le réchauffement à 2°C?

La réponse du Canada est venue une heure plus tard, après une question sur le même sujet de la part des Philippines: «À notre avis, les objectifs canadiens sont ambitieux et l'effort du Canada va aider le monde à infléchir fortement les émissions de gaz à effet de serre vers le bas.»

Cette affirmation a laissé de glace plusieurs participants, comme la Chine, qui a souligné qu'un calcul très simple permet de conclure que l'objectif de réduction du Canada correspond en fait à une augmentation de 2,5% par rapport au taux de 1990, année de référence du protocole de Kyoto.

En somme, le Canada affirme à Bonn qu'il se propose de réduire les émissions de gaz à effet de serre... en les augmentant.

La crédibilité du Canada a aussi été mise en doute parce que la présentation du diplomate canadien faisait état de programmes et de mesures qui ne couvrent que le quart de son objectif de Copenhague.

«Pouvez-vous nous indiquer quand vous aurez des programmes en place pour le reste de votre objectif?», a demandé le représentant britannique.

«Quand je reviendrai, l'an prochain, la ligne bleue dans mon graphique sera beaucoup plus basse», a répondu le représentant canadien.

Il affirme que le Canada «travaille très fort» à établir des règles de performance contraignantes pour l'industrie pétrolière ainsi que pour les secteurs comme les pâtes et papiers, les cimenteries et les aciéries.

D'autres mesures à venir incluent un plan pour fermer progressivement les centrales électriques au charbon, à moins qu'elles ne se dotent d'un système de captage de gaz carbonique.

Le Royaume-Uni et l'Australie ont également demandé au Canada quelles règles de comptabilité il entend utiliser dans sa quête de l'objectif de Copenhague. «Nous voulons savoir quelles règles aideraient le Canada à être plus ambitieux dans le monde réel, pas dans un contexte imaginaire», a demandé la représentante australienne.

Le sujet a été abordé aux Communes, hier, après une question de Laurin Liu, députée NPD de Rivière-des-Mille-Îles. «Le Canada, a-t-elle dit, tente encore une fois de freiner les efforts de la communauté internationale. Pourquoi le gouvernement se présente-t-il à Bonn? Pour combattre les changements climatiques ou simplement pour collecter des prix Fossile?»

Le ministre de l'Environnement, Peter Kent, a réitéré son rejet du protocole de Kyoto, signé par le Canada en 1997, et sa préférence pour la démarche de Copenhague.

«La seule façon d'obtenir de vraies réductions des émissions globales est d'avoir un traité qui couvre tous les émetteurs. Le protocole de Kyoto ne le fait pas. Par conséquent, le Canada ne se soumettra pas à des objectifs pour une deuxième période d'engagement sous le protocole de Kyoto.»