Le changement climatique pourrait entraîner la disparition de trois quarts des glaciers des Alpes d'ici à 2100 et, dans un scénario encore plus pessimiste, d'une partie de l'Antarctique d'ici à l'an 3000, faisant monter le niveau des mers de 4 mètres, selon deux études publiées dimanche.

Ces recherches, publiées par la revue Nature Geoscience, mettent en valeur deux des aspects les moins bien connus du changement climatique: son effet sur les glaciers et son impact à très long terme.

La première étude estime que les glaciers de montagne vont perdre de 15 à 27% de leur volume d'ici à 2100. Ce qui «pourrait avoir des effets substantiels sur l'hydrologie régionale et la disponibilité des ressources en eau», avertit-elle.

Certaines régions seront plus affectées que d'autres en fonction de l'altitude de leurs glaciers, la nature du terrain et leur localisation, plus ou moins sensible au réchauffement climatique.

Aussi, la Nouvelle-Zélande pourrait perdre 72% en moyenne (entre 65 et 79% en fonction de la marge d'erreur) de ses glaciers, et les Alpes 75% (entre 60 et 90%). En revanche, ce chiffre ne serait que de 8% concernant les glaciers du Groenland et 10% pour ceux des hauts massifs asiatiques.

Cette fonte devrait entraîner une hausse du niveau de la mer de 12 cm en moyenne d'ici à la fin du siècle, ajoute cette étude.

Ce chiffre, qui ne prend pas en compte la dilatation des océans quand ils se réchauffent, correspond largement aux estimations du Groupe intergouvernemental d'experts de l'ONU sur l'évolution du climat (Giec) dans son dernier rapport, en 2007.

Les géophysiciens Valentina Radic et Regine Hock de l'Université d'Alaska ont réalisé leurs calculs à partir d'un modèle informatique basé sur des données récoltées sur plus de 300 glaciers entre 1961 et 2004.

Ils se sont appuyés sur l'un des scénarios intermédiaires du Giec («A1B»), qui conjugue croissance démographique, économique et recours à des sources d'énergie plus ou moins polluantes, et qui prévoit une hausse de la température de la planète de 2,8 degrés au cours du 21e siècle.

Ce modèle ne prend cependant pas en compte les calottes glacières de l'Antarctique et du Groenland, qui comprennent 99% de l'eau douce de la planète.

Si l'une des deux devait fondre de façon significative, le niveau des océans augmenterait de plusieurs mètres, noyant un grand nombre de villes côtières. Avec la partie occidentale de l'Antarctique, le chiffre serait de 4 mètres.

Ce scénario catastrophe émerge de la seconde étude réalisée par l'Université de Calgary au Canada, qui s'intéresse à l'inertie des gaz à effet de serre (GES) qui, une fois émis, restent des siècles dans l'atmosphère.

Aussi, même si toutes les émissions de GES s'arrêtaient d'ici à 2100, le réchauffement se poursuivrait encore plusieurs siècles, selon l'étude.

Celle-ci se base sur le scénario «A2» du Giec, bien plus pessimiste que le premier en matière d'émissions de gaz à effet de serre, et qui prévoit une hausse de la température de 3,4 degrés celcius d'ici à la fin du siècle.

Dans cette situation, le réchauffement des profondeurs intermédiaires des mers australes pourrait entraîner un «large effondrement» de la partie occidentale de la calotte antarctique d'ici à l'an 3000.