La Conférence des Nations unies sur le climat s'est conclue ce week-end à Cancún par l'adoption d'un accord modeste. L'entente prévoit une série de mécanismes pour lutter contre le réchauffement climatique, dont un fonds vert destiné aux pays en développement.

«Ce que nous avons maintenant est un texte qui, s'il n'est pas parfait, est certainement une bonne base pour aller de l'avant», a déclaré le négociateur en chef des États-Unis, Todd Stern, après l'adoption de l'entente, tard vendredi soir.

Un an après l'échec de la conférence de Copenhague, la réunion de Cancún visait avant tout à relancer le processus de négociations internationales sur la question des changements climatiques. Responsables et dirigeants de 193 pays s'y sont réunis durant deux semaines.

Après 12 jours d'intenses négociations, la ministre mexicaine des Affaires étrangères et présidente de la conférence, Patricia Espinosa, a présenté un texte de compromis qui a recueilli le soutien de la majorité des pays représentés, à l'exception de la Bolivie, qui l'a jugé insuffisant.

Les décisions sont habituellement prises par consensus, mais le consensus «ne signifie pas qu'un pays a le droit de veto», a déclaré la présidente. Selon Mme Espinosa, l'entente «ouvre une nouvelle ère pour la coopération internationale sur le climat».

Le président bolivien, Evo Morales, a réagi en signalant qu'il entendait entreprendre un recours devant la Cour internationale de justice. Il estime qu'une approbation sans consensus est contraire aux règles de la Convention-cadre de l'ONU sur les changements climatiques.

La principale avancée de Cancún est la création d'un Fonds vert pour aider les pays en développement à lutter contre le réchauffement climatique. Les pays les plus riches ont promis d'y injecter 100 milliards de dollars annuellement d'ici à 2020. Le texte adopté n'indique pas comment le fonds sera financé. Cela fera l'objet de discussions ultérieures.

L'accord visait aussi à officialiser et à détailler plusieurs points de l'accord politique conclu au Danemark un an plus tôt. L'entente de Copenhague visait notamment à limiter la hausse des températures mondiales à 2 °C, mais sans que ce plan soit contraignant sur le plan juridique.

L'avenir du protocole de Kyoto, qui expirera à la fin de 2012, était un autre des grands sujets de discussion à Cancún.

La prochaine conférence de l'ONU sur le climat aura lieu l'an prochain à Durban, en Afrique du Sud. Les pays participants ont convenu d'y poursuivre les discussions sur la suite à donner à Kyoto. Cet accord, conclu en 1997, engageait les pays développés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 5,2% par rapport au niveau de 1990.

«Il reste beaucoup de travail à faire avant la prochaine conférence sur le climat en Afrique du Sud», a admis le premier ministre britannique, David Cameron, au terme de la rencontre.

C'est «un pas important» vers un cadre global et légalement contraignant de lutte contre le réchauffement climatique», a quant à lui affirmé le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, au sujet de l'accord de Cancún.

De son côté, le ministre canadien de l'Environnement, John Baird, s'est dit satisfait de l'entente. «Cancún nous a permis de faire des progrès et d'obtenir des résultats qui reflètent les intérêts de la population canadienne et ceux des populations de chaque pays représenté ici», a-t-il déclaré.

Jusqu'au tout dernier moment, le Canada s'est rallié à d'autres pays comme le Japon pour tenter de «tuer» le protocole de Kyoto, a toutefois dénoncé le coordonnateur de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique, Patrick Bonin.

S'il a fait volte-face, le Canada a tout de même perdu toute sa crédibilité sur la scène internationale, affirment M. Bonin et le porte-parole d'Équiterre, Steven Guilbeault. «Nous sommes désormais un pays marginalisé et qui ne compte plus beaucoup», a déploré M. Guilbault en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne.

Avec The Associated Press, Agence France-Presse et La Presse Canadienne

La Presse CanadienneQUÉBEC PRÉPARE SON PLAN D'ACTION

À peine revenu de Cancún, où il a assisté à la Conférence des Nations unies sur le climat, le ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Pierre Arcand, s'attaque au Plan d'action québécois 2013-2020 sur les changements climatiques (PACC). Un comité consultatif composé de huit experts en matière de protection de l'environnement conseillera le gouvernement dans la conception de ce projet dont l'objectif est de diminuer de 20%, en 2020, le niveau des émissions de gaz à effet de serre (GES) par rapport à celui de 1990. Selon le plus récent inventaire des émissions québécoises de GES, qui date de 2008, le Québec est passé sous les niveaux d'émission de 1990 par une marge de 1,2%. Le comité doit commencer ses travaux en février 2011 et le rapport final devrait être déposé en mars 2012.