L'épineuse question de l'avenir du Protocole de Kyoto apparaissait vendredi comme «une épée de Damoclès» menaçant l'issue de la conférence de l'ONU sur le climat de Cancun, au terme de la première semaine de négociations.

«Si les pays restent sur des positions extrêmes, alors il ne sera pas possible de parvenir à un consensus», a déclaré à la presse le négociateur en chef de l'Union européenne, Artur Runge-Metzger.

«C'est comme une épée de Damoclès suspendue au-dessus de cette conférence», a-t-il ajouté.

De son côté, le représentant américain pour le climat Todd Stern a estimé que ce serait une «énorme erreur» si cette question «bloquait» les négociations.

«Nous avons une chance des faire des progrès ici (...) et je détesterais perdre ça en raison d'un conflit sur le Protocole de Kyoto», a encore dit le négociateur dont le pays n'a jamais ratifié ce traité international.

Des délégations de plus de 190 pays sont rassemblées à Cancun depuis le 29 novembre, et jusqu'au 10 décembre, pour donner un nouveau souffle aux négociations sur la lutte contre le changement climatique, après la déception de Copenhague, il y a un an.

Un échec de cette réunion, aux ambitions pourtant modestes, pourrait grandement entamer la crédibilité du processus de négociations onusiennes, lancé il y a 18 ans.

Un peu plus tôt dans la journée, les représentants du Venezuela, Bolivie, Nicaragua, Equateur et Dominique avaient déclaré qu'il serait «très difficile» de parvenir à un accord sans un engagement des pays industrialisés à poursuivre Kyoto.

Les pays du Sud insistent pour une prolongation de ce traité signé en 1997, seul instrument légal qui contraint les pays industrialisés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) à l'origine du changement climatique.

Or le Japon a réaffirmé haut et fort, lors de la plénière d'ouverture de la conférence lundi, qu'il ne s'engagerait pas après l'expiration de la première période d'engagement, fin 2012.

Tokyo refuse de se lier les mains alors que le Protocole ne couvre plus que 30% des émissions globales de GES, n'engageant pas les deux plus grands pollueurs, la Chine et les États-Unis.

D'autres pays industrialisés, comme le Canada et la Russie, sont réticents, voire franchement hostiles, à une nouvelle période d'engagement.

L'UE assure, elle, être prête à «considérer» une prolongation sous certaines conditions.

«L'UE est attachée à l'architecture du Protocole de Kyoto, mais nous disons aussi les émissions de l'UE ne couvrent que 12% du total, et ça n'a pas de sens qu'elle soit la seule couverte par cette architecture», a déclaré Peter Wittoek, représentant de la présidence belge de l'UE.

Face à cette situation, la responsable climat de l'ONU, Christiana Figueres, a appelé au «compromis», et à reporter la question au prochain grand rendez-vous climat, fin 2011, à Durban.

«Je ne pense pas qu'il soit possible de garantir qu'il y aura une seconde période d'engagement ici», a-t-elle dit à la presse. «Mais je suis aussi certaine que Cancun ne peut pas anéantir la possibilité d'une seconde période», a-t-elle poursuivi.

«C'est pourquoi les pays doivent trouver un compromis qui ne plaira à personne, ou plaira à tout le monde», a-t-elle ajouté, proposant une formule du type «garantir la poursuite du Protocole en tant que tel» à Cancun, et «régler la question d'une future période d'engagement plus tard».

Le Brésil qui avait jugé il y a quelques jours que «résoudre le problème» du Protocole de Kyoto était «fondamental pour parvenir à un résultat positif à Cancun, a adopté vendredi un ton plus conciliant.

«Personne ne partira de Cancun avec tout ce qu'il veut», a déclaré son négociateur, Luiz Alberto Figueiredo.

Les pourparlers, actuellement menées par des équipes de négociateurs, seront dès mardi entre les mains des ministres de l'Environnement et/ou énergie.