La conférence de l'ONU sur le réchauffement climatique à Cancun au Mexique, «ne va rien donner» en l'absence des chefs d'État des principaux pays de la planète, a estimé mercredi le président du Brésil Luiz Inacio Lula da Silva.

«Cela ne va rien donner. Aucun grand dirigeant n'y va, au mieux ce sont des ministres de l'Environnement, et on ne sait même pas si les ministres des Affaires étrangères iront; il n'y aura donc aucun progrès», a déclaré Lula, qui a lui-même annulé cette semaine son voyage à Cancun.

Interrogée sur cette déclaration dans la cité balnéaire mexicaine, la responsable climat de l'ONU Christiana Figueres a répondu que la réunion «n'avait jamais eu pour vocation d'être un sommet de chefs d'État», ce qui était le cas à Copenhague l'an dernier.

À Cancun, ce sont les ministres de l'Environnement et/ou de l'Énergie de plus de 190 pays, signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), qui trancheront et signeront un éventuel accord.

Pour l'heure, les pourparlers sont menés par des délégations de négociateurs de chacun des pays.

Cependant, une trentaine de chefs d'État et de gouvernement, principalement de pays du sud et notamment d'Amérique latine, sont attendus en fin de semaine prochaine.

De son côté, le négociateur américain Jonathan Pershing a assuré à Cancun que «le processus va produire des résultats». «Tous les participants aux négociations (...) font des efforts pour progresser», a-t-il assuré lors d'une conférence de presse.

Le président brésilien a également déploré le manque d'empressement des pays riches à financer la lutte contre la déforestation en Amérique latine, en Asie ou en Afrique.

«La proposition de financement est très confuse», a-t-il regretté.

Il a en revanche assuré que le Brésil respecterait ses engagements, sans attendre une aide ou un financement. Le géant sud-américain s'est engagé l'an dernier à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 39% et la déforestation amazonienne de 80% par rapport aux prévisions en 2020.

«Nous sommes en train de tenir nos engagements et nous n'avons pas besoin d'une faveur pour les respecter, nous allons les tenir parce que c'est notre devoir», a déclaré Lula.

Son gouvernement a annoncé mercredi que la déforestation de l'Amazonie brésilienne avait enregistré une baisse record, entre août 2009 et juillet 2010, avec 6451 km2 déboisés, une réduction de 14% par rapport aux douze mois précédents.

À ce rythme, le Brésil pourrait atteindre ses objectifs de réduction de la déforestation dès 2015, soit cinq ans plus tôt que prévu, a estimé la ministre de l'Environnement, Izabella Teixeira.

On estime que la déforestation provoque 20% des émissions mondiales de dioxyde de carbone, responsables du changement climatique.

Le Brésil est le quatrième pays émetteur de gaz à effets de serre, en grande partie à cause du déboisement.