La récente élection d'un républicain jusqu'alors inconnu pour pourvoir au siège du sénat américain laissé vacant par la mort de Ted Kennedy pourrait sérieusement menacer la collaboration entre le Canada et les États-Unis pour s'attaquer aux changements climatiques.

L'ambassadeur des États-Unis au Canada, David Jacobson, soutient que la victoire du républicain Scott Brown, au Massachusetts, il y a deux semaines, créera d'importantes embûches pour les priorités de Barack Obama- dont la réforme du système de santé, l'adoption du projet de loi concernant les changements climatiques et la lutte contre la récession.

Selon lui, le projet de loi concernant les changements climatiques sera source de divisions et sera difficilement adopté.

La victoire surprise de M. Brown, obtenue en plein territoire démocrate, a privé le parti du président Obama du contrôle sur le sénat.

Et la lenteur de la progression du projet de loi sur les changements climatiques aux États-Unis aura des répercussions directes sur le Canada, puisque le premier ministre Stephen Harper a indiqué qu'il allait attendre de voir le plan de M. Obama avant d'adopter des règlements concernant la réduction des gaz à effet de serre.

La semaine dernière, le ministre canadien de l'Environnement, Jim Prentice, a fait valoir qu'Ottawa devait s'ajuster à Washington pour éviter des politiques environnementales et en énergie discordantes.

Un système de plafonnement et d'échanges de droits d'émission de gaz à effet de serre est l'un des éléments clés dans le projet de loi de Barack Obama. Scott Brown, lui, a fait campagne contre cette idée.

Le républicain David Wilkins, le prédécesseur de M. Jacobson durant la présidence de George W. Bush, a affirmé, quant à lui, que les chances pour qu'un projet de loi sur un système de plafonnement et d'échanges soit adopté à court terme étaient minces, dans le meilleurs des cas.

Joint par téléphone en Caroline du Sud, M. Wilkins a expliqué que l'attention politique changeait à nouveau, passant de la santé et du système de plafonnement et d'échanges vers l'économie et les emplois.

A son avis, les probabilités pour qu'un projet de loi sur un système de plafonnement et d'échanges soit adopté sont nulles dans un avenir rapproché.

M. Wilkins estime que républicains et démocrates devront transiger pour que les priorités de Barack Obama puissent avancer.

Les démocrates disposent désormais de 59 sénateurs, contre 41 pour les républicains, soit à un vote pour pouvoir être en mesure d'éviter l'obstruction de sénateurs républicains.

Selon David Wilkins, le sénateur Lindsey Graham, de la Caroline du Sud, est l'un des rares républicains susceptibles de faire des compromis en ce qui concerne le dossier des changements climatiques. Il a fait valoir que M. Graham avait déjà écrit un article d'opinion à ce sujet avec le sénateur démocrate John Kerry pour les journaux américains.