Le changement climatique provoque l'émergence de nouvelles maladies chez les animaux, dont certaines sont transmissibles à l'homme, selon une étude publiée à l'occasion de l'assemblée générale, cette semaine à Paris, de l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE).

Si le passage de maladies animales à l'homme est documenté depuis des siècles, le réchauffement climatique imputé à l'homme, mais aussi pour partie aux émissions de méthane des ruminants, contribue de manière croissante à l'émergence de maladies inconnues.

Le changement climatique permet aussi à des épizooties déjà connues de s'étendre géographiquement, comme la maladie de la langue bleue des ovins, qui frappe désormais l'Europe du Nord.

Les autres maladies vectorielles les plus fréquemment citées comme étant liées au réchauffement par 126 des 174 États membres de l'OIE qui ont contribué à cette étude sont la fièvre de la vallée du Rift, le virus du Nil occidental et la peste équine.

Élevage, maladies émergentes et écosystèmes sont étroitement imbriqués, a souligné Peter Black, l'auteur de l'étude, devant les délégués.

«Dans les pays qui tentent d'éradiquer une maladie ré-émergente comme la tuberculose bovine, il est concevable que les stratégies de prophylaxie entraînent des modifications de la densité et de la distribution d'autres espèces comme les blaireaux, les opossums ou les buffles», selon le rapport remis à l'OIE.

«Ces changements auront à leur tour des effets collatéraux sur l'écosystème», poursuit le texte.

«Rien n'indique que le taux d'émergence (de nouvelles maladies) va diminuer», a déclaré M. Black à l'AFP. «D'une manière générale, la pression sur l'écosystème augmente et les maladies infectieuses émergentes sont un symptôme d'une planète stressée», poursuit cet épidémiologiste.

«De plus en plus de pays attribuent au changement climatique l'apparition d'au moins une maladie émergente ou ré-émergente, sévissant ou ayant sévi sur leur territoire», a déclaré pour sa part Bernard Vallat, directeur général de l'OIE, dans un communiqué.

Selon l'étude, 71% des pays participant «ont déclaré être extrêmement inquiets quant à l'impact attendu du changement climatique sur les maladies animales».

En effet, si l'émergence de certaines maladies animales, comme les arboviroses, «peut être prévue avec une certaine fiabilité», d'autres problèmes sanitaires du type syndrome respiratoire aigu, comme le SRAS, ou des infections à virus Nipah, ne peuvent être prédites.

Pour endiguer les épizooties et les épidémies à venir, l'OIE prône un renforcement de la collaboration entre organisations, notamment avec la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture), l'OMS (Organisation mondiale de la santé) et le Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC).

Les objectifs de réduction de gaz à effet de serre et la santé animale ne sont pas toujours faciles à concilier.

En modifiant la nourriture des animaux, l'intensification de l'élevage permet de limiter les émissions de gaz à effet de serre des ruminants.

Mais «l'intensification crée aussi des circonstances favorables à l'émergence de maladies animales», explique M. Black. Non seulement à cause d'une plus grande promiscuité entre animaux, mais aussi à cause d'une moins grande diversité génétique entre individus.