Quel est l'impact des différents types de chocolat sur l'environnement ? Quatre nouvelles études européennes viennent jeter un nouvel éclairage sur le cadeau de Pâques par excellence. De quoi réfléchir avant de choisir les fruits de la prochaine chasse aux cocos.

AGROFORESTERIE

La culture du cacao constitue la principale contribution du chocolat à la dégradation de l'environnement, selon les quatre études, toutes publiées en février et en mars. « À moins qu'on ne fasse beaucoup voyager une barre de chocolat, par exemple en la renvoyant de l'usine de chocolat en Europe jusqu'au village au fond des montagnes de l'Équateur où le cacao est produit, le principal impact est la culture de ce cacao », explique David Neira, de l'Université de León en Espagne, qui vient de publier dans le Journal of Cleaner Production une analyse énergétique de quatre différentes techniques de culture du cacao. Là où est produit le cacao, le facteur le plus déterminant est le choix d'une monoculture, comme pour les céréales, ou de l'« agroforesterie » traditionnelle. « Le cacao pousse mieux à l'ombre, sous des bananiers, par exemple », explique Francesca Recanati, de l'École polytechnique de Milan, qui a analysé l'impact environnemental du chocolat d'une entreprise italienne dans la revue Science of the Total Environment. « Le problème, c'est que ça coûte cher en main-d'oeuvre. Soit on utilise plus d'énergie, plus de pesticides et plus d'engrais, soit on utilise plus de main-d'oeuvre. » Le cacao de la firme étudiée par Mme Recanati provenait du Pérou.

TRANSPORT

Parce que, dans les pays où il est produit, le cacao voyage généralement en camion, moyen de transport plus polluant que le train ou le bateau, les régions éloignées des ports ont de moins bons bilans, selon Francesca Recanati de l'École polytechnique de Milan. Une analyse de chercheurs de Nestlé, publiée elle aussi dans le Journal of Food Production, a calculé que le transport constituait de 75 à 95 % de la contribution d'une tablette de chocolat au réchauffement de la planète, sur la base de dix études d'impact environnemental de différents types de chocolats, dont celle de l'ingénieure milanaise.

L'IMPACT DE DIFFÉRENTS ALIMENTS SUR LE CLIMAT

• 1,7 kg de CO2 par portion: contribution des bonbons aux changements climatiques

• 5,3 kg de CO2 par portion: contribution du chocolat au lait aux changements climatiques

• 6,8 kg de CO2 par portion: contribution du chocolat noir aux changements climatiques

• 30 à 45 kg de CO2 par portion: contribution d'un steak de boeuf aux changements climatiques

• 11 kg de CO2 par portion: contribution du lait aux changements climatiques

Sources : Journal of Cleaner Production, FAO

LE CHOCOLAT DANS LE MONDE

  • 1,35 million de tonnes: production de chocolat dans les Amériques en 2013

  • 1,3 million de tonnes: production de chocolat en Europe en 2013

  • 1,2 million de tonnes: production de chocolat en Asie en 2013

  • 600 000 tonnes: production de chocolat en Afrique en 2013

  • 30 000 tonnes: production de chocolat en Océanie en 2013



Source : Science of the Total Environment

LE CHOCOLAT NOIR PLUS NÉFASTE ?

L'analyse de Nestlé a calculé que l'impact environnemental du chocolat noir est supérieur de 40 % à celui du chocolat au lait parce qu'il contient davantage de cacao. Mais une autre étude, publiée par des ingénieurs de l'Université de Manchester dans la revue Food Research International, estime que dans certains cas, le chocolat au lait peut être plus néfaste pour la planète. « Tout dépend de la quantité de lait utilisée », explique l'auteure principale de cette étude, Adisa Azapagic. « Le lait est largement associé aux gaz à effet de serre, à cause du méthane présent dans les flatulences des vaches et des grands espaces utilisés pour les pâturages et la culture du foin. Il n'y a pas de données vraiment fiables sur la question, mais la quantité de lait peut varier de cinq à huit kilos par kilo de chocolat. » L'analyse de Mme Azapagic conclut que les barres de chocolat ont un impact environnemental supérieur de 30 % à celui des chocolats en vrac, en raison du grand nombre d'étapes de fabrication, et que le chocolat est responsable de 2,4 % des émissions de gaz à effet de serre du secteur alimentaire au Royaume-Uni.

LA CULTURE TRADITIONNELLE « MOINS DOMMAGEABLE »

Peut-on se fier aux étiquettes « équitable » ou « durable » pour choisir un chocolat ayant un impact moindre sur l'environnement ? « En général, il faut choisir entre l'équitable et le durable, à moins d'avoir un portefeuille sans fond, dit Francesca Recanati de l'École polytechnique de Milan. Moins on utilise d'énergie dans la fabrication du cacao, plus on utilise de main-d'oeuvre. Alors, si on ne veut pas avoir un chocolat hors de prix, on ne peut pas payer les ouvriers agricoles trop cher. Si on trouve un chocolat produit sur une petite ferme familiale, cela dit, on peut présumer que c'est une méthode de culture traditionnelle, donc agroforestière, et donc moins dommageable pour la planète. » L'étude de David Neira de l'Université de León a calculé que la culture traditionnelle du cacao utilisait trois fois moins d'énergie que la culture bio, quatre fois moins que l'agroforesterie avec pesticides et engrais et huit fois moins que les monocultures.