La chaleur extrême force les colibris à se réfugier à l'ombre au lieu de chercher à manger, selon des scientifiques qui craignent que le réchauffement climatique ne soit un défi à ses capacités d'adaptation.

Le minuscule oiseau dont le coeur bat plus de 1000 fois par minute doit se nourrir continuellement, et ne peut donc pas perdre de temps à se protéger du soleil, selon une étude publiée mercredi dans la revue Royal Society Open Science.

« Ils ne peuvent pas se priver de nourriture même pendant une partie de la journée », a noté l'auteur principal Donald Powers, de l'université américaine George Fox dans l'Oregon. Mais « quand la température est chaude, les colibris se protègent d'une exposition directe au soleil », a-t-il expliqué à l'AFP.

« Le changement climatique risque de rendre le maintien de leur température corporelle de plus en plus difficile », a ajouté le chercheur, notant que la chaleur perturbe aussi leurs interactions avec leurs congénères, et pourrait donc avoir un impact sur leur reproduction.

Les plantes dont ils dépendent pour se nourrir et se cacher du soleil sont également victimes du réchauffement climatique, insiste l'étude.

Il existe plus de 300 espèces de colibris, qui consomment la moitié de leur poids en eau sucrée chaque jour. Le plus petit d'entre eux, le colibri-abeille de Cuba, mesure à peine six centimètres du bec à la pointe de la queue.

M. Powers et ses collègues ont utilisé des images infrarouges pour étudier la façon dont ces oiseaux qui battent des ailes 50 à 200 fois par seconde évacuent la chaleur de leur corps à différente température.

« Je me rappelle un jour l'an dernier sur un de nos sites des montagnes Chiricahua (en Arizona) où la température a dépassé les 44 °C sur une longue période, clairement les oiseaux étaient en difficulté », a raconté M. Powers.

Le changement climatique pourrait aussi poser un problème la nuit. Pour conserver leur énergie, la plupart des colibris se plongent chaque nuit pendant au moins deux heures dans un état de torpeur et leur température corporelle chute alors de 50 à 75 %.

Si les nuits sont plus chaudes, cela limite l'énergie qu'ils économisent. Pour se « réveiller » de cette torpeur, l'oiseau fait vibrer les muscles de ses ailes, un peu comme un frisson, pour réchauffer son sang de plusieurs degrés chaque minute.