«Les mots ne suffisent plus»: de Londres à Sydney en passant par Rio de Janeiro, des vedettes d'Hollywood mélangées à des anonymes déguisés en ours polaires ont réclamé dimanche des engagements fermes contre le réchauffement planétaire, à la veille du sommet sur le climat à Paris.

Plus de 570 000 personnes ont participé ce week-end aux 2300 marches pour le climat organisées dans 175 pays à travers le monde, selon les premières estimations fournies dimanche par l'un des organisateurs, l'ONG Avaaz.

«Ce chiffre est toujours provisoire et susceptible d'augmenter avec d'autres marches encore à venir à Mexico, Ottawa et Vancouver, ce qui devrait porter le total bien au-delà des 600 000» participants, a souligné l'organisation.

«Nous envoyons un message clair pour dire que nous voulons un accord. Les mots ne suffisent plus. De Ouagadougou à Londres, en passant par le Népal, le monde entier défile comme un seul homme pour réclamer des actes», a ajouté Sam Barratt, directeur de campagne de l'ONG lors du défilé à Londres, qui a réuni 50 000 personnes.

Proximité aidant, certains manifestants étaient venus de France, où les rassemblements étaient interdits sans que cela n'empêche la formation d'une chaîne humaine le long d'un boulevard de l'Est parisien.

D'autres étaient venus de beaucoup plus loin, comme Mikaele Maiava, 37 ans, qui habite sur l'atoll de Tokelau, une possession néo-zélandaise au coeur du Pacifique, à près de 20 000 kilomètres de Londres.

«Ceci me touche directement. Si rien ne change, mes terres vont être submergées», a-t-il dit.

Des vedettes ont pris place en tête du cortège pour éveiller les consciences. «Il faut que cet élan populaire soit entendu», a déclaré à l'AFP l'actrice oscarisée Emma Thompson.

«Si nous sommes suffisamment nombreux, les hommes politiques vont devoir nous écouter. Ils veulent être réélus, ils répondront», a ajouté le chanteur Peter Gabriel.

Ils étaient aussi 1000 à Athènes, 4000 à Stockholm. À Copenhague, quatre hommes déguisés en ours polaires ont exposé leur «sculpture», une dépouille d'ours blanc recouvert de pétrole et empalé sur un pipeline, qu'ils comptent emmener à Paris.

«C'est l'idée de reprendre les choses en main et de ne pas simplement compter sur ceux qui se réunissent à Paris en ce moment», a expliqué Stéphane Brulez, l'un des 4000 manifestants environ à participer à une chaîne humaine à Bruxelles.

«Le problème de notre génération»

À Berlin, ils étaient entre 12 000 et 17 000 à marcher sous une pluie fine et froide jusqu'à la porte de Brandebourg, où un grand globe terrestre gonflable avec, au sommet, le visage d'Angela Merkel, se découpait dans une imposante fumée noire.

«Nous voulons montrer clairement aux politiques qu'ils ne peuvent pas décider pour nous, que les choses doivent changer», ont expliqué Volker Völlkopf et Dörte Neumann, deux Berlinois de 41 ans et 49 ans. «Mais j'ai peu d'espoir», a ajouté Volker.

À Madrid, où ils étaient environ 20 000 selon Greenpeace, une vingtaine d'enfants ouvraient la marche en tenant des coeurs en carton de couleur verte proclamant: «le monde est notre maison» et «aidez-moi à être heureux».

«Nous devons prendre soin du jardin que nous ont laissé nos parents et nos grands-parents», a commenté Maria Jesus Sanchez, une géologue de 58 ans.

À l'autre bout de la planète, en Australie, ils étaient 45 000 à Sydney et 5000 à Adélaïde. «Il n'y a pas de planète B» ou «Solidarité mondiale!» pouvait-on lire sur les banderoles déployées.

«Ceux qui sont les moins responsables du problème sont pourtant ceux qui les premiers en subissent les effets, et de la façon la plus dure, comme nos soeurs et frères du Pacifique», a dénoncé Judee Asams, une militante de l'ONG Oxfam.

Un millier de manifestants ont bravé la pluie dans les rues de Séoul et un rassemblement s'est tenu à Delhi. New York ou Mexico devaient reprendre dans la journée le flambeau de cette mobilisation mondiale.

«C'est le problème de notre génération, pas qu'un problème pour les écologistes. On n'est jamais trop jeune pour être sensibilisé à des problèmes aussi fondamentaux», a dit Katia Herault, une Française vivant à Londres. Elle est venue avec ses enfants, vêtus comme elle d'un costume du poisson Nemo.