Près de 80% des citoyens se disent «très préoccupés» par les impacts du dérèglement climatique, selon les premiers résultats d'une enquête menée à l'occasion d'un grand débat sur le climat organisé simultanément dans 75 pays samedi.

78,8% sont «très préoccupés», 18,96% «moyennement préoccupés» et 1,65% pas du tout, indiquent les résultats de ce questionnaire, «la plus vaste enquête d'opinion» jamais menée sur le climat, selon les termes de l'ONU, co-initiatrice de ce projet, qui vise à faire entendre la voix des citoyens dans les négociations internationales en cours.

Les premiers résultats seront soumis mercredi à Bonn aux délégations chargées de négocier l'accord mondial contre le réchauffement planétaire espéré à Paris en décembre.

Samedi, quelque 10 000 personnes de 75 pays, choisies pour représenter la diversité socio-économique de leur pays, se sont retrouvées par petits groupes animés par un modérateur, pour débattre toute la journée, et répondre à une trentaine de questions sur les enjeux de la négociation. Au total, 96 débats ont eu lieu, de Fidji jusqu'en Arizona.

Plus de 71% ont ainsi estimé que les négociations sur le climat menées dans le cadre de l'ONU depuis 1992, n'avaient «pas fait assez» pour s'attaquer au problème.

Pour 63,5%, en décembre à Paris, «le monde devrait décider de mettre tous les moyens en oeuvre» pour limiter le réchauffement à 2°C, seuil limite à partir duquel les impacts risquent d'être dévastateurs. Pour 26% cependant, il devrait entreprendre «des actions ambitieuses», mais pas forcément à tout prix.

L'accord devra être juridiquement contraignant, estiment 68% des personnes interrogées. Pour 16,9% cependant, il ne devra l'être que pour les pays développés et émergents (gros émetteurs de gaz à effet de serre).

Pour 59,4%, l'effort doit d'abord être international, avant d'être national (17%) ou local (21,4%). Pour autant, 80% estiment que leur propre pays doit agir pour réduire ses émissions, même si d'autres font moins.

À 92,8%, ils estiment que les pays signataires devraient réviser leurs engagements tous les 5 ans. Et 63% pensent même qu'une institution devrait être chargée de passer en revue les contributions nationales, question très sensible pour de nombreux États.

Interrogés sur les solutions pour réduire les émissions de GES, ils privilégient: subventionner les énergies renouvelables (56,6%), la recherche en technologies bas-carbone (46%, par exemple des batteries de voiture efficaces), de nouvelles normes (22,8%, par exemple d'efficacité énergétique des bâtiments ou des équipements), donner un prix au carbone (21,5%), changer de pratiques (20,6%, transports publics, produits alimentaires locaux, etc.).

Une première analyse approfondie de l'enquête devrait être publiée dans un mois, notamment par zones.

Christiana Figueres, la responsable climat aux Nations unies, a exprimé l'espoir que cette initiative puisse «répercuter aux décideurs les inquiétudes, les espoirs et les aspirations des citoyens quant au monde qu'ils souhaitent pour eux et leurs enfants».