Le trésor de guerre de 2 milliards de quotas non utilisés par les entreprises de l'UE impose une intervention pour les éliminer afin d'éviter aux pays de l'UE un effort colossal pour réduire leurs émissions de CO2 d'ici à 2030, avertit Greenpeace.

La Commission européenne estime que l'UE devrait se fixer comme objectif pour 2030 de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40% par rapport à leur niveau de 1990 si elle veut parvenir à tenir l'objectif d'une réduction de 80 à 95% pour 2050.

Le Royaume-Uni a préconisé de les réduire de 50% pour 2030.

Une étude réalisée par le groupe Ecofys et publiée mardi par Greenpeace évalue l'effort nécessaire de réduction à 49% pour 2030, et considère qu'il faudra ajouter 7% pour tenir compte des 2 milliards de quotas détenus par les grands groupes sidérurgiques.

«Cette étude montre que l'objectif de 40% proposé par la Commission européenne est insuffisant en raison de la mise en échec de l'ETS, le marché européen du CO2», a souligné dans un communiqué Joris den Blanken, directeur de la politique du climat de Greenpeace.

L'organisation écologiste se positionne ainsi dans le débat qui va s'engager au sein de l'UE sur la stratégie à mettre en place pour lutter contre le réchauffement climatique après 2020.

L'UE, qui représente 11% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, est la seule région à s'être imposée des contraintes pour 2020 et à les tenir: réduction des émissions de gaz à effet de serre de 20%, part de 20% pour les renouvelables dans sa consommation d'énergie et 20% d'économies.

La Commissaire européenne responsable du Climat, Connie Hedegaard, estime que l'UE doit s'imposer de nouveaux objectifs de réduction contraignants pour 2030 et pour 2040 afin d'être en position de force lors de la conférence internationale sur le climat prévue à Paris en 2015.

Elle reconnaît la fragilisation de l'ETS avec un prix de la tonne de CO2 inférieur à 3 euros à cause du surplus de quotas non utilisé. Mme Hedegaard a demandé aux États et au Parlement d'agir en autorisant le gel de quelque 900 millions de quotas.

Le Parlement européen a rejeté cette intervention lors d'un vote en avril, et il sera appelé à se prononcer une nouvelle fois en juillet.

Si ce second vote approuve la mesure, la Commissaire proposera ensuite de retirer définitivement du marché 2 milliards de quotas, réduisant ainsi de 8,5 à 6,5 milliards le nombre de certificats mis en vente sur la période 2013-2020. Un retrait de cette ampleur devrait permettre de remonter le prix de la tonne entre 15 et 20 euros.

Le marché des quotas d'émissions est le principal instrument financier de la politique climatique de l'UE. Chacun des 12 000 sites industriels se voit allouer un quota annuel et peut acheter de nouveaux permis à polluer.

Les fonds tirés de cette vente devaient permettre de cofinancer les investissements dans les énergies renouvelables et les nouvelles technologies comme la capture et le stockage du CO2.