Les amateurs de sports d'hiver ont connu de meilleures saisons. Piètre qualité des patinoires extérieures, annulation de l'International de hockey d'antan de Saint-Jean-sur-Richelieu, retards dans la saison de ski de fond. Plusieurs attribuent nos déboires hivernaux aux changements climatiques.

Ils ont en partie raison. Même si le climat québécois est très variable et que le réchauffement climatique ne peut expliquer la douceur de cet hiver, une tendance à long terme existe. D'après les données d'Environnement Canada, entre les mois de novembre et de janvier, la station météorologique de Saint-Hubert recevait en 2009 en moyenne 12 centimètres de neige de moins qu'en 1953 et 12 millimètres de pluie supplémentaires.

C'est très probablement une conséquence des changements climatiques et on peut penser que la fréquence de gel et de dégel va continuer d'aller en augmentant», commente André Cantin, météorologue à Environnement Canada.

Alors que les températures moyennes n'ont augmenté que de 0,3 degré Celsius depuis 1953, le paysage hivernal montréalais change graduellement. La quantité de neige au sol pendant la période des Fêtes, par exemple, a diminué de moitié au cours des 15 dernières années.

Se préparer au pire

Les changements climatiques inquiètent tellement que des experts se penchent sur les effets qu'ils auront sur l'industrie touristique dans les 40 prochaines années. «C'est sûr qu'on va avoir une certaine diminution de l'achalandage pour certains sports d'hiver», prévient Michel Archambault, titulaire de la Chaire de tourisme Transat, et chercheur au consortium sur la climatologie régionale et l'adaptation aux changements climatiques. «Les activités les plus à risque sont la motoneige et le ski de fond.»

L'important, c'est de concevoir des solutions pour pallier nos hivers de plus en plus doux. Michel Archambault cite les efforts d'adaptation de l'industrie du ski alpin et est certain que d'autres sports d'hiver sauront tirer leur épingle du jeu. «On pourrait avoir des circuits de ski de fond plus petits, mais plus enneigés», dit-il à titre d'exemple.

Mais pour M. Archambault, la détérioration des conditions hivernales au Québec ne sera pas un grand désavantage pour la province. «Si on compare le Québec à l'Ontario ou aux États-Unis, on est tout de même en bonne position. Leur météo connaîtra encore plus de variations que la nôtre au cours d'un même hiver, avance-t-il. Et puis nos pertes en hiver seront compensées par un été plus long et plus chaud que ceux qu'on connaît présentement.»

Climat et météo

Le climat change, ce qui ne veut pas dire pour autant que la météo ne nous réserve pas d'autres hivers de temps froid. «Les changements climatiques ne sont qu'un bruit de fond dans ce qui influence la météo et sont éclipsés par d'autres facteurs comme les courants marins ou les maximums solaires, relativise André Cantin d'Environnement Canada. Et puis, notre climat québécois connaît de fortes variations d'année en année.»