«Je sais que l'Afrique peut être entendue, c'est pour ça que nous faisons ce bruit», clame un jeune Kényan pour qui le continent, hôte de la conférence climatique de l'ONU, doit faire entendre une voix qui, dans l'enceinte des négociations elle-même, pèse peu.

«Je suis là pour dire aux leaders du monde qu'il est temps d'agir», affirme à l'AFP Sande Wycliffe, accroché à une pancarte réclamant «une justice climatique» au milieu de la «marche» qui s'est déroulé samedi à Durban (Afrique du Sud) pour réclamer des solutions «urgentes» et «équitables» aux quelque 190 pays discutant jusqu'au 9 décembre sous l'égide de l'ONU.

«Il est temps qu'ils honorent leur promesse de donner à l'Afrique les ressources dont nous avons besoin pour bâtir des projets d'adaptation, pour nous assurer un avenir climatiquement sûr», ajoute ce Kényan de 24 ans.

«Je sais que l'Afrique peut être entendue, c'est pour ça que nous faisons ce bruit», assure-t-il, tout sourire, alors qu'avance le cortège de plusieurs milliers de personnes au son des tambours, des chants et des vuvuzelas.

D'autres nourrissent moins d'espoirs que cette conférence «africaine», la première sur le continent depuis 2006, ne soit «bonne pour l'Afrique».

«Nos attentes sont très faibles parce que nous savons comment ça se passe dans ce type de conférences», souffle sous sa casquette rouge le Mozambicain Renaldo Chingore Joao, du mouvement paysan international Via Campesina.

Sa principale inquiétude est de voir si l'agriculture sera incluse dans le périmètre des négociations, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.

En Afrique, souligne-t-il, «l'agriculture sert à nourrir les gens et ne peut pas être considéré comme un business».

4% des émissions en Afrique

Dans l'arène des négociations climatiques, l'influence des pays est toutefois souvent proportionnelle à la quantité de CO2 qu'ils produisent. Et l'Afrique, bien qu'elle représente plus du quart des pays (54 sur les 194), a souvent du mal à peser avec ses 4% d'émissions de gaz à effet de serre.

Ces aspirations africaines qui se multiplient depuis le début de la conférence, comme celle du Prix Nobel de la Paix Desmond Tutu, peuvent-elles néanmoins réussir à percer dans l'ambiance feutrée des salles de réunion?

Durant la première semaine de discussions, «nous étions dans des négociations extrêmement techniques qui ne laissent pas de place à l'émotion», glisse le porte-parole du groupe Afrique, Seyni Nafo.

Pour lui, le «côté émotionnel» d'une conférence «africaine» peut en revanche avoir une importance plus «politique» quand les quelque 130 ministres annoncés vont arriver à Durban à partir de la semaine prochaine.

«Je ne pense pas que nos partenaires veuillent quitter l'Afrique sur un échec. Je pense que ça va peser à ce moment-là, pour que l'Afrique ne soit pas le tombeau de Kyoto (traité dont l'avenir est discuté cette année) et qu'on n'alourdisse pas le fardeau du continent qui souffre le plus», ajoute-t-il.

Le président sud-africain, dans son discours d'ouverture, lundi, s'était chargé de mettre en avant ce côté «émotionnel» en soulignant que «pour beaucoup de personnes dans les pays en développement et en Afrique, le changement climatique est une question de vie ou de mort».

«En tant que conférence africaine, avait-il ajouté, le résultat de cette 17e conférence sur le changement climatique doit reconnaître que résoudre le problème du climat ne peut pas être séparé de la lutte contre la pauvreté».