L'accord international adopté à Cancun pour lutter contre le réchauffement climatique a mis du baume au coeur des écologistes, mais il ne suffira pas à faire oublier que l'espoir d'une loi contre les gaz à effet de serre a péri en 2010 aux États-Unis.

L'administration Obama a joué un rôle actif pour parvenir à l'accord de samedi à Cancun, qui prévoit la mise en place d'un fonds «vert» pour aider les pays en développement à faire face au réchauffement.

Mais à Washington, une proposition de loi visant à réduire les émissions de CO2 a expiré cette année au Sénat, avant même la victoire aux législatives des républicains, dont beaucoup disent encore douter de la réalité du réchauffement planétaire.

Or, l'attitude qu'adoptera l'Amérique, de loin le premier pollueur mondial par tête d'habitant, sera cruciale pour la suite de la négociation internationale, qui se déplacera l'an prochain à Durban (Afrique du Sud).

«La question de savoir si les États-Unis seront ou non à la hauteur de leurs engagements est dans toutes les têtes», confiait à Cancun l'écologiste Jake Schmidt, du Conseil pour la défense des ressources naturelles.

On est loin de l'ambiance qui prévalait il y a deux ans lorsque l'arrivée au pouvoir de Barack Obama a suscité l'espoir d'une fin du climato-scepticisme de mise aux Etats-Unis sous la présidence de George W. Bush.

Le principal négociateur américain pour le climat, Todd Stern, souligne que l'accord de Cancun devrait faire plaisir aux élus américains qui ont insisté sur l'importance de la vérification des mesures anti-réchauffement qui seront prises par d'autres pays comme la Chine. Le fonds «vert» sera en outre piloté par la Banque mondiale, à l'insistance des Américains.

M. Stern ne se fait cependant pas d'illusions sur les chances de résurrection de la loi qui avait été adoptée à la Chambre des représentants en 2009 mais n'a pas même été discutée au Sénat face aux perspectives de blocage de la minorité républicaine. Le projet prévoyait un système d'échanges de droits de polluer calqué sur le modèle européen.

«On ne va pas avoir d'un seul coup les votes nécessaires pour approuver le projet de loi. Mais je pense que (Cancun) va aider», espère M. Stern.

Le Congrès n'aura pas à se prononcer sur l'accord de Cancun, mais devra approuver les financements destinés à alimenter le futur fonds «vert» qui doit être doté de 100 milliards de dollars par an par les pays riches. Des sénateurs républicains ont déjà engagé le combat contre cette disposition.

«Les États-Unis n'ont aucun intérêt à dépenser des milliards de dollars des contribuables afin de combattre le changement climatique dans d'autres pays. L'administration doit éliminer ce renflouage international du changement climatique», ont écrit quatre d'entre eux à la secrétaire d'État Hillary Clinton.

Pour Alden Meyer, un spécialiste du climat, il sera impossible de convaincre les climato-sceptiques américains, mais l'accord de Cancun est un pas dans la bonne direction.

Si les discussions avaient échoué, ces derniers auraient pu s'en servir pour dire «le reste du monde ne prend pas les négociations au sérieux, nous vous l'avions bien dit», estime M. Meyer. «Nous avons évité un revers et avons obtenu un petit quelque chose de positif».

Sans attendre les décisions de Washington, plusieurs États américains ont commencé à légiférer contre les émissions de CO2, comme la Californie, qui met en place une bourse des émissions polluantes approuvée par les électeurs.