La tension est montée d'un cran, hier, à Copenhague. La possible disparition du protocole de Kyoto a forcé certains pays à claquer la porte, réduisant encore un peu plus les chances qu'un accord survienne d'ici le week-end.

Les pays africains ont en effet obligé les Danois à interrompre pendant tout près de trois heures les pourparlers. Au coeur du problème, une question: doit-on prolonger le protocole de Kyoto après 2012, date d'échéance de sa première phase, ou plutôt le remplacer par un tout nouveau traité?

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Les États-Unis, le Japon, l'Australie et le Canada, par exemple, voudraient un autre accord, qui engloberait la Chine et l'Inde, ce qui impliquerait la mort de Kyoto. Par contre, les pays victimes du réchauffement trouvent que cette option comporte trop d'incertitudes.

«Ils ont l'impression qu'on leur demande de changer de bateau en sautant, sans toutefois apercevoir le deuxième bateau», résume Alden Meyer, de l'Union of Concerned Scientists.

Riposte

Les pays du Sud, dont l'Algérie et l'Afrique du Sud, accusent les pays industrialisés de vouloir tuer Kyoto et ainsi réduire les exigences qui leur sont imposées, ce qu'ils jugent inacceptable.

Les pays africains sont appuyés en ce sens par les géants chinois et indien, qui ne veulent pas non plus que la communauté internationale enterre Kyoto. Il faut dire que ce protocole a l'«avantage» de ne rien exiger de leur part.

Parallèlement, dans un hôtel de la capitale danoise, le premier ministre Jean Charest prévenait Ottawa des conséquences de son laxisme dans le dossier climatique: le pays pourrait bien faire face à des sanctions économiques internationales s'il refuse d'en faire plus, a-t-il dit.

Le premier ministre québécois a ainsi demandé au gouvernement Harper d'ajuster le tir d'ici la fin du sommet de Copenhague, hier, en révisant à la hausse sa cible de réduction d'émissions de gaz à effet de serre à l'horizon 2020.

«Je prends bonne note d'une menace de sanctions économiques contre les pays qui n'en feront pas suffisamment, a-t-il indiqué. Le Canada a intérêt à accorder beaucoup d'attention à cela.»

«J'aimerais que (le gouvernement fédéral) aille plus loin, qu'il fasse preuve de plus de leadership», a-t-il ajouté.

Accompagné du premier ministre de l'Australie méridionale, Mike Rann, M. Charest a indiqué en ce sens qu'il y avait actuellement «deux Canada», celui que représente le fédéral avec ses timides ambitions environnementales, et celui des provinces et territoires qui ont des objectifs musclés de réduction des gaz à effet de serre.

Puis, il a carrément pris ses distances d'Ottawa, soulignant que ce dernier «a pris une position qui n'est pas le reflet de ce que nous voulons».

MM. Charest et Rann tenaient une conférence de presse commune en vue du Sommet des leaders, une rencontre qu'ils coprésideront aujourd'hui, à Copenhague.