Le Canada pourrait payer cher son laxisme dans le dossier climatique, prévient le premier ministre Jean Charest, selon qui le pays pourrait bien faire face à des sanctions économiques internationales s'il refuse d'en faire plus.

En marge de la Conférence de Copenhague, le premier ministre du Québec a demandé au gouvernement Harper d'ajuster le tir au cours des prochains jours, en révisant à la hausse sa cible de réduction d'émissions de gaz à effet de serre à l'horizon 2020. «J'aimerais que (le gouvernement fédéral) aille plus loin, qu'il fasse preuve de plus de leadership», a lancé Jean Charest.

«Je prends bonne note d'une menace de sanctions économiques contre les pays qui n'en feront pas suffisamment, a-t-il ajouté. Le Canada a intérêt à accorder beaucoup d'attention à cela.»

Accompagné du premier ministre de l'Australie méridionale, Mike Rann, M. Charest a indiqué en ce sens qu'il y avait actuellement «deux Canada», celui que représente le fédéral avec ses timides ambitions environnementales, et celui des provinces et territoires qui ont des objectifs musclés de réduction des gaz à effet de serre.

Puis il a carrément pris ses distances d'Ottawa, soulignant que ce dernier «a pris une position qui n'est pas le reflet de ce que nous voulons».

Le premier ministre a déploré qu'Ottawa n'ait pas l'intention d'en faire plus que les États-Unis, se contentant d'harmoniser ses politiques avec celles des Américains. Mais du même souffle, il a ajouté que le fédéral n'aurait d'autres choix que de suivre l'Administration Obama, si elle décidait éventuellement d'aller plus loin, ce que plusieurs souhaitent, ici à Copenhague.

MM. Charest et Rann tenaient une conférence de presse conjointe en vue du Sommet des leaders, une rencontre qu'ils coprésideront demain, à Copenhague. Réunissant une soixantaine d'élus d'États subnationaux, de régions et de provinces, ainsi que des chefs d'entreprise, cette rencontre a pour but d'échanger sur les meilleures façons d'affronter les changements climatiques.

«Il importe de savoir que de 50 à 80 % du travail qui sera fait (pour «décarboniser» les différentes économies), il le sera par nos gouvernements», a souligné M. Charest.

Suivez la conférence de l'intérieur, en visitant le blogue de notre envoyé spécial à Copenhague, François Cardinal.