Critiqué pour la position de son gouvernement face aux changements climatiques, le premier ministre Stephen Harper, s'est défendu d'être sur la touche dans ce dossier qui a fait l'objet d'un sommet à l'ONU hier.

«Le Canada travaille de façon très étroite avec les États-Unis», a-t-il déclaré en après-midi aux journalistes après une rencontre à l'hôtel de ville de New York avec le maire Michael Bloomberg. «Nous avons des cibles et des approches très similaires.» Le premier ministre Harper était l'un des 25 dirigeants invités par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, à discuter d'environnement en soirée, dans l'espoir de relancer la négociation d'un nouvel accord sur le réchauffement à Copenhague.

«Notre position est claire, a déclaré Stephen Harper lors d'un point de presse impromptu. Nous voulons une entente internationale efficace qui inclut les grands émetteurs de gaz à effet de serre, et nous sommes en train de développer une vraie approche continentale avec l'administration Obama. Nous partagerons notre expérience et notre perspective ce soir.»

Mais les représentants de groupes écologistes présents à New York ont jugé nettement insuffisante la participation du Canada au sommet de l'ONU. Le premier ministre Harper, ont-ils déploré, n'y a fait aucune déclaration officielle, contrairement à plusieurs dirigeants, dont les présidents américain, chinois et français. Et il n'a pas pris part aux tables rondes, auxquelles il a préféré déléguer son ministre de l'Environnement, Jim Prentice.

«La Chine en fait plus actuellement pour lutter contre les changements climatiques que le Canada, ce qui est passablement gênant», a dénoncé Steven Guilbeault, porte-parole et cofondateur de l'organisation québécoise Équiterre.

La Chine, troisième puissance économique mondiale et désormais premier pollueur, a en effet retenu l'attention au sommet de l'ONU en s'engageant pour la première fois à réduire «de façon notable» ses émissions de CO2 d'ici à 2020 par rapport aux taux de 2005, par point de PIB.

Dans son discours à la tribune de l'ONU, le président chinois, Hu Jintao, a également promis de faire en sorte que la part des énergies non fossiles dans son pays atteigne environ 15% en 2020.

Le nouveau premier ministre japonais, Yukio Hatoyama, s'est également attiré les éloges des écologistes en confirmant l'engagement de son pays, deuxième économie mondiale, à réduire ses émissions de CO2 de 25% par rapport à leur taux de 1990 d'ici à 2020.

La réaction des observateurs au discours de Barack Obama a été moins favorable. Le président américain a appelé à une action internationale «rapide et audacieuse» pour lutter contre les changements climatiques et éviter une «catastrophe irréversible».

Mais il n'a pas présenté d'initiatives susceptibles de donner un nouvel élan aux négociations en prévision de la conférence de Copenhague, qui doit accoucher en décembre d'un nouvel accord international sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ce traité doit remplacer le protocole de Kyoto, qui arrive à échéance en 2012.

«L'incapacité de conclure un accord global à Copenhague serait moralement inexcusable, à courte vue économiquement et malavisé politiquement», a déclaré Ban Ki-moon en ouvrant le sommet sur le climat.