L'issue des négociations sur le climat sous l'égide de l'ONU reste incertaine, a prévenu jeudi l'émissaire américain sur le réchauffement climatique, Todd Stern, soulignant la discorde persistante entre pays développés et en développement sur les solutions à adopter.

Notant que le temps pressait à trois mois de la conférence de Copenhague, M. Stern a été très direct lors d'une audition de la commission sur l'indépendance énergétique et le réchauffement de la planète de la Chambre des représentants américains.

«Laissez-moi dire franchement que les négociations officielles (sur le climat, ndlr) de l'ONU sont difficiles», a-t-il lancé.

Il se faisait l'écho du ministre britannique des Affaires étrangères, David Miliband, qui a estimé jeudi qu'«il y avait un danger réel» d'échec en décembre.

«Nous devons trouver un moyen de combler le fossé séparant les nations développées et en développement qui reste au coeur des efforts pour trouver une solution internationale», a souligné M. Stern.

Cette conférence, qui se tiendra du 7 au 18 décembre, vise à conclure un accord sur une réduction contraignante des gaz à effet de serre pour faire suite au Protocole de Kyoto au-delà de 2012.

Les pays en développement ont tendance à voir le problème comme n'étant pas de leur fait et craignent qu'on exige d'eux des solutions qui pourraient saper leur capacité à élever leur niveau de vie, a expliqué le responsable américain.

Les nations développées jugent pour leur part que le réchauffement climatique est d'une grande gravité et qu'il ne peut pas être résolu sans une participation entière des pays moins nantis, et surtout de la Chine, a-t-il poursuivi.

Il a aussi noté que 97% de l'augmentation des émissions de CO2 d'ici 2030 proviendra du monde en développement.

Mais M. Stern a aussi souligné que les principaux pays en développement comme la Chine, l'Inde ou le Brésil «commencent à reconnaître la gravité du problème, leur propre vulnérabilité et la nécessité d'une action mondiale».

«Ce sont de bonnes nouvelles», a-t-il lancé, insistant sur le fait que la Chine a montré un engagement croissant en faveur des énergies propres ces dernières années.

Mais M. Stern a insisté sur la nécessité que ces nations «agissent pour réduire de façon significative leurs émissions».

Un membre républicain de la commission, James Sensenbrenner (Wisconsin, nord) a accusé l'administration du président Barack Obama de mollesse avec la Chine pour contraindre ce pays à réduire ses émissions de CO2 alors qu'il est devenu le plus grand pollueur du monde, devant les Etats-Unis.

Todd Stern a relevé que l'un «des éléments clés» d'un accord à Copenhague seraient les mesures prises pour aider les nations en développement à réduire ces émissions et à faire face aux conséquences du réchauffement comme les inondations et les sécheresses.

Sans vouloir dire quel pourrait être le montant de l'aide américaine, M. Todd a jugé «totalement irréalistes» des chiffres qui circulent faisant état d'une contribution de 1% du PIB de certains pays, ce qui représenterait quelque 120 milliards de dollars par an pour les Etats-Unis.

Inquiète de «l'impasse» dans les négociations sur le climat, l'Union européenne a présenté jeudi un scénario d'aide aux pays en développement de 100 milliards d'euros par an.

M. Stern a aussi insisté sur la nécessité pour le Sénat, après la Chambre cet été, d'adopter avant Copenhague un texte de loi prévoyant notamment un système contraignant de plafonnement des émissions de CO2 avec la création d'un marché de droits à polluer.