L'Inde réclame davantage d'ambitions des pays industrialisés pour le futur accord climatique de Copenhague et les met en garde contre la tentation éventuelle de se débarrasser des contraintes du protocole de Kyoto.

Ce nouvel accord, a insisté l'ambassadeur indien pour le climat, Shyam Saran, ne devra pas être un nouveau traité destiné à remplacer Kyoto, dont la première phase expire fin 2012.«Il ne doit y avoir aucune ambiguïté: nous ne négocions pas un nouveau protocole. Le Protocole de Kyoto ne cessera pas d'exister en 2012», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Bonn, en marge des négociations du futur accord climatique mondial qui doit aboutir en décembre à Copenhague.

«Si vous pouvez sortir d'un instrument international légal, comment espérez-vous remplir vos engagements?», a-t-il demandé.

L'enjeu de Copenhague est de renouveler - et surtout de renforcer - les engagements contraignants de réduction des émissions polluantes des pays industrialisés, souscrits à Kyoto pour la période 2008-2012.

Plusieurs pays, dont le Japon, l'Australie et le Canada, ont déjà affiché leur souhait de tourner la page de Kyoto et d'ouvrir en décembre un traité totalement nouveau.

À l'inverse, les pays en développement souhaitent majoritairement conserver un Protocole de Kyoto amendé, garantissant que les pays du nord - considérés comme historiquement responsables de la pollution de l'atmosphère -, poursuivront leurs efforts contre le réchauffement.

L'Inde, a souligné M. Saran, est prête à prendre sa part dans l'accord et à atténuer de «façon importante» la progression de ses propres émissions de gaz à effet de serre.

Il s'agit d'assurer une «déviation substantielle» de ses émissions par rapport à un scénario «business as usual» - si rien n'était fait pour limiter leur envolée.

L'Inde figurait en 2005 au 5e rang mondial pour ses émissions de gaz à effet de serre, mais au 120e rang seulement en émissions par habitant.

Interrogé avec insistance sur l'ampleur de cette «déviation», M. Saran a refusé de préciser: «C'est difficile de vous donner un chiffre», a-t-il répondu.

Mais cela dépend surtout de l'aide financière qui sera mise sur la table par les pays les plus riches: «Demander des efforts aux pays en développement et ne pas parler de ce qu'on fera pour les aider n'est tout simplement pas envisageable». Or les questions de financement n'ont marqué aucune avancée à six mois du rendez-vous danois.

De même, le représentant indien a déploré l'absence de progrès sur les objectifs de réduction des pays industrialisés pour la période post-2012.