Les négociateurs de 174 pays et 230 ONG se retrouvent à partir de lundi à Bonn pour poursuivre l'élaboration du traité contre sur le changement climatique qui succédera au protocole de Kyoto à son expiration en 2012. Si les États-Unis disent vouloir «rattraper le temps perdu» sous l'ère Bush, les divergences d'intérêts des participants rendent la négociation laborieuse.

La réunion de Bonn, qui durera 12 jours, est la deuxième d'une série de cinq entamée dans cette même ville d'Allemagne en mars-avril et qui mènera à la conférence finale de Copenhague (Danemark) en décembre, où un nouvel accord doit être trouvé sous l'égide des Nations unies... si le calendrier est respecté.

Le fait que Washington, sous l'impulsion du président Barack Obama, veuille désormais participer pleinement au processus et accepte le principe d'objectifs contraignants, pourrait donner une nouvelle impulsion aux discussions.

Pour l'heure, les documents de travail sont couverts d'annotations souvent contradictoires qui reflètent les écarts subsistant entre les différents points de vue sur les questions cruciales: de combien les pays industrialisés doivent-ils réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) tenues pour responsables du réchauffement de la planète? Comment peuvent-ils aider les pays en développement à s'adapter au changement climatique? Comment indemniser les pays tropicaux qui cesseraient la déforestation? Combien de milliards de dollars faudra-t-il réunir et dépenser chaque année?

«C'est (un texte) encore très brouillon, en fait», reconnaît l'auteur de l'un des documents, le Maltais Michael Zammit Cutajar. La multiplication des parenthèses indiquant qu'un mot ou une expression doit encore être débattu, avec les nombreuses juxtapositions des formes «doit» et «devrait», témoignent des différents degrés de contrainte qu'envisagent pays et organisations. «Ca ne sera pas une réunion facile», a prévenu le chef de la délégation américaine, Jonathan Pershing.

Les scientifiques de l'ONU affirment que faute de réduction des émissions de GES, la Terre va connaître des changements de température et de pluviosité qui feront peser sur des millions d'habitants la menace d'aggravation des sécheresses et des pluies, feront monter le niveau des mers pour menacer les côtes et submerger des îles entières, feront s'éteindre des espèces animales et végétales et augmenteront le risque de maladies pour les humains.

Pour éviter le pire de ces effets et limiter le réchauffement planétaire de 2 degrés Celsius en moyenne, les scientifiques du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) déclarent dans un rapport daté de 2007 qu'il faudrait que les émissions de GES principalement causées par la consommation de carburant fossile dans la voiture et l'industrie lourde culminent dans les dix prochaines années avant de redescendre rapidement.

Mais les pays en développement accusent les plus riches d'être responsables du problème alors que les seconds plaident pour un effort partagé entre tous les pays.

Le protocole de Kyoto de 1997 exigeait de 37 pays industrialisés qu'ils réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre de 5% par rapport aux niveaux de 1990, sans rien exiger des autres pays, ce que le président américain George W. Bush avait mis en avant pour rejeter le traité.

Aujourd'hui, il est crucial que les économies émergentes comme la Chine, l'Inde et le Brésil prennent des engagements, estime Todd Stern, émissaire spécial de Barack Obama pour le climat. «Nous avons besoin d'engagements pour prendre des mesures de grande envergure qui puissent être quantifiées, a-t-il ajouté.

Les pays en développement sont d'accord pour ralentir la progression de leurs émissions de GES s'ils obtiennent des pays développés les fonds et technologies nécessaires au développement durable de leur économie.

Ils exigent en outre que les pays riches réduisent leur émissions de 25% à 40% d'ici 2020, par rapport aux niveaux de 1990. Un objectif à peu près inaccessible, selon Todd Stern, qui préfère réfléchir aux efforts que chaque pays devrait s'engager à déployer pour les dix à 40 prochaines années.

Certains doutent que des positions aussi divergentes puissent être rapprochées pour Copenhague en décembre. «Quoi qu'il arrive, il restera beaucoup à faire après Copenhague», estime Alden Meyer de l'UCS, une organisation scientifique indépendante basée à Washington.