Un méga-projet de mine d'or dans les Andes du nord chilien, tout près de glaciers à près de 5000 m d'altitude, a vaincu les résistances mais pas les craintes écologistes, face aux autorités confiantes que 5000 emplois créés feront taire les sceptiques.

Les glaciers Toro 1, Toro 2 et Esperanza ne seront pas «déplacés», comme le projet initial il y a une décennie, l'envisagea sérieusement. Ils ne seront pas «bougés, déplacés, détruits ou physiquement altérés», selon les conditions posées par les autorités chiliennes, dans leur feu vert en 2006 à Barrick.

Le géant minier canadien vient d'enclencher le processus de construction du site de Pascua Lama, un investissement de 3 milliards de dollars, pour 25 ans d'exploitation. «Un des principales mines d'or non encore développées au monde», a fièrement annoncé Barrick.

Le gisement, à cheval sur les régions d'Atacama au Chili (75%), et de San Juan en Argentine (25%) produira début 2013. Il détient des réserves d'environ 17,8 millions d'onces. A 20-25 USD de coût de production l'once, il sera une des mines d'or les moins coûteuses du monde, selon les calculs de Barrick.

Ces perspectives ont justifié la patience du N.1 mondial de l'or, à travers 15 ans de démarches, d'attentes de bon timing du marché, puis d'objections environnementales, depuis le projet soumis aux autorités du Chili en 1994.

Il fut ralenti en 2001 par la chute des cours, puis en 2004-05 sous la pression des écologistes et communautés locales, dans cette zone de glaciers irriguant la vallée semi-désertique de Huasco, à 800 km au nord de Santiago.

La Commission régionale de l'environnement donna finalement son accord après que Barrick eût accepté de ne pas toucher aux glaciers -techniquement des «réservoirs de glace», corrige Barrick. Et d'indemniser à hauteur de 60 millions de dollars les agriculteurs de Huasco.

Pascua «a été soumis à l'un des processus d'approbation les plus rigoureux de l'histoire du Chili», clame Barrick. Les révisions, changements de design, ont fait baisser d'un million d'onces le potentiel. Et généré 800.000 dollars de coût en plus, selon le groupe.

Le groupe a réaffirmé qu'il ne touchera pas aux glaciers près de la zone exploitée à ciel ouvert, et assumera un système de gestion d'eau parant toute indisposition pour les usagers en aval: «87 points de suivi et d'étude de l'eau», consultables en temps réel.

L'annonce la semaine dernière du lancement du projet a draîné une petite centaine de manifestants vendredi à Huasco.

«C'est la tête de pont du pillage de notre cordillère», estime l'un d'eux, Mauricio Rios, leader du Conseil de défense de la Vallée du Huasco, qui affirmé que le drainage «est déjà affecté» par l'exploration et les pré-travaux, sans compter les risques inhérents (cyanure) à l'extraction d'or.

«Nous ne permettrions pas un déterioration de nos glaciers», a réaffirmé Ana Lya Uriarte, ministre de l'Environnement, avec confiance: «le projet a été approuvé avec une série de conditions et d'exigences, dont l'importance tient dans leur respect».

Barrick a rappelé à loisir que dans la vallée, Pascua Lama va générer 5.000 emplois pendant la construction sur quatre ans, 1600 pendant les 25 ans d'activitité. Et qu'à la fin 2008, 50.000 candidatures d'emploi avaient été reçues...

Une «journée d'action binationale» contre Pascua Lama a été annoncée pour le 13 mai au Chili et en Argentine, avec une contre-attaque écologiste.

Mais de manière significative, le plus sérieux obstacle depuis deux ans au lancement de la mine, n'a en rien tenu à la protection des glaciers. Mais à un désaccord, à présent résolu, entre Trésors chilien et argentin sur la répartition des revenus.