Les gaz à effet de serre s'accumulent plus rapidement que prévu dans l'atmosphère terrestre, augmentant le danger d'un changement irréversible du climat d'ici la fin du siècle, à moins que soient adoptées des mesures agressives, a prévenu hier un des principaux experts sur le sujet.

«Au cours de la dernière décennie, les pays en développement comme la Chine et l'Inde ont accru leurs capacités de production électrique en brûlant plus de charbon», a expliqué Chris Field, de la Carnegie Institution et membre du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat de l'ONU (GIEC).

 

De ce fait, «les économies du monde en développement continuent à émettre de plus en plus de carbone (CO2) dans l'atmosphère et nous sommes désormais dans une situation nouvelle quant à l'évolution du changement climatique», a poursuivi ce climatologue dans une présentation à la conférence annuelle de l'American Association for the Advancement of Science (AAAS) réunie à Chicago depuis jeudi.

«Ceci aura un impact très probablement bien pire que prédit dans le quatrième rapport du GIEC», a-t-il prévenu.

De nouvelles études révèlent également des effets potentiellement dangereux dans le système climatique qui pourrait convertir des zones d'absorption du CO2 en source de ce puissant gaz à effet de serre, a aussi relevé Chris Field. Il a surtout évoqué la destruction de la forêt tropicale qui retient de vastes quantités de CO2 dans sa végétation et dont la grande humidité permet de bien résister aux incendies.

Mais le réchauffement du climat et la modification de la distribution des précipitations sur la planète menace d'assécher les forêts tropicales, les exposant à des incendies.

Les chercheurs estiment que la perte de massifs forestiers, notamment à cause des incendies au cours de ce siècle, pourrait faire augmenter la concentration en CO2 dans l'atmosphère jusqu'à 100 parties par million (ppm) au-dessus des 386 ppm actuelles, et ce, avec des conséquences dévastatrices potentielles pour le climat terrestre.

Le GIEC a obtenu le prix Nobel de la paix en 2007.

 

PCConvictions communes

Le ministre fédéral de l'Environnement, Jim Prentice, a affirmé hier que son gouvernement et celui du président américain Barack Obama avaient des convictions communes sur les changements climatiques et que celles-ci leur permettront de travailler ensemble sur l'élaboration d'un accord nord-américain de coopération dans le domaine de l'environnement. Mais M. Prentice a reconnu qu'il serait aussi difficile pour le Canada de satisfaire la demande pour le pétrole propre que celle du charbon propre pour les États-Unis. Il a également ajouté que tout accord qui traitera des émissions de gaz à effet de serre mettra de la pression sur les Bourses régionales du carbone, comme celle de l'Alberta.