Forts de leur plan de lutte contre le réchauffement climatique, les Européens mettent à présent la pression sur les États-Unis et les grands pays émergents en proposant des objectifs chiffrés et des actions ciblées pour le grand rendez-vous de Copenhague en décembre 2009.

La Commission européenne doit présenter mercredi un document en ce sens d'une vingtaine de pages, dont l'AFP a obtenu copie. Elle y recommande une augmentation graduelle des investissements dans le monde pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, avec un objectif ambitieux: 175 milliards d'euros par an en 2020, dont 30 milliards seraient destinés à aider les pays pauvres dans ce domaine.

«Plus de la moitié de ces nouveaux investissements --environ 95 milliards d'euros-- devront être réalisés par les pays en développement», précise l'exécutif européen.

Pour que le sommet de l'ONU à Copenhague en décembre 2009 sur la protection du climat après 2012 soit un succès, «il faudra avoir avec nous les Américains et les grandes économies émergentes comme la Chine, l'Inde et le Brésil», a assuré vendredi le président de la Commission européenne José Manuel Barroso.

«Ensuite, nous devrons obtenir un accord avec les pays en développement et je pense que le sommet de Copenhague devrait être aussi un sommet sur le développement», a-t-il ajouté lors d'une rencontre avec un groupe de journalistes.

Dès la semaine prochaine, des collaborateurs de M. Barroso se rendront à Washington pour parler climat avec ceux du président Obama.

Parmi les sources de financement imaginées par la Commission, figure l'introduction d'un paiement pour chaque tonne de CO2 émise. «Au prix de 1 euro par tonne, progressant jusqu'à 3 euros la tonne, ce mécanisme appliqué aux principaux pays développés pourrait générer environ 13 milliards d'euros en 2013 et 28 milliards en 2020», souligne la Commission.

Dans le même temps, elle va avaliser un rapport proposant 200 actions, jugées peu onéreuses, pour réduire les émissions de CO2, le principal gaz à effet de serre.

Plusieurs secteurs d'activité comme la production d'énergie, l'agriculture et les forêts, sont ciblés et l'étude estime que la mise en oeuvre de ces actions, dont le coût varie entre 4 et 10 euros la tonne de CO2, permettrait d'éviter le rejet d'environ 39 milliards de tonnes de CO2 dans l'atmosphère d'ici à 2030.

Les Européens sont aujourd'hui en position de force car ils se sont engagés en décembre à réduire en 2020 leurs émissions de 20% par rapport à leurs niveaux de 1990.

Ce plan doit à présent servir de modèle pour limiter le réchauffement de la planète à 2 degrés celsius.

L'UE (4 milliards de tonnes) représente 14% des 27 milliards de tonnes de CO2 rejetées chaque année. Les autres grands pollueurs sont les États-Unis (5,8 milliards) et la Chine (5,1 milliards).

«Les négociations seront très difficiles» avec les autres grands pays, prévient toutefois un négociateur européen interrogé par l'AFP.

«L'UE a montré qu'elle est prête à s'engager et a adopté une législation très contraignante. Mais les autres pays de la planète sont à des années lumières, et même si la nouvelle administration américaine de Barack Obama se montre très allante, elle prendra au mieux un engagement politique», a-t-il commenté.

«L'Union européenne va devoir se montrer très exigeante, car elle a fait un pas énorme et cela en pleine crise financière», affirme-t-il.