La température moyenne cet automne dans l'Arctique se situe 5 degrés Celsius au-dessus de la normale, un record, selon un rapport de l'Agence américaine des océans et de l'atmosphère (NOAA) qui attribue ce phénomène à une forte diminution de la banquise sous l'effet du réchauffement.

«Les changements dans l'Arctique montrent un effet domino provenant de causes multiples qui est beaucoup plus net que dans d'autres régions du globe», relève James Overland, un océanographe de NOAA, un des principaux auteurs de ce rapport intitulé «Arctic Report Card 2008» publié vendredi sur le site de l'agence.

«Le système arctique est très sensible et connaît souvent des changements relativement rapides et spectaculaires», ajoute-t-il.

La perte des glaces dans l'océan Arctique permet un plus grand réchauffement de la température de l'eau sous l'effet des rayons solaires, relève le rapport.

Ce réchauffement de l'air et de l'océan affecte la faune marine et terrestre et réduit aussi la masse de glace permanente de la banquise arctique qui a fondu de 38 kilomètres cubes depuis ces dernières années, devenant la plus grande cause de la montée général du niveau des océans autour du globe.

L'été 2007 a été le plus chaud dans les annales dans l'Arctique, suivi de près par 2008, ce qui perpétue une tendance générale de réchauffement entamée au milieu des années 60.

L'«Arctic Report Card» est publié depuis 2006 par NOAA pour établir un ensemble de références dans cette région de manière à pouvoir surveiller son évolution et ses changements souvent rapides.

Il est mis à jour annuellement en octobre et mesure l'évolution des conditions de l'atmosphère arctique, de la glace de la banquise, de l'eau de l'océan, des terres, de la biologie et du Groenland.

Dans ce rapport 2008, trois de ces six éléments (l'atmosphère, la glace et le Groenland) sont classés dans le rouge, indiquant que les changements constatés sont fortement attribués au réchauffement du climat.

Les trois autres éléments (biologie, océan et terre) sont dans le jaune, ce qui reflète des signes mitigés quant aux effets du réchauffement.

En 2007, le rapport avait deux éléments dans le rouge (l'atmosphère et l'état de la glace de l'océan) et quatre dans le jaune.

Par ailleurs, pour la première fois, une expédition scientifique en Arctique a pu emprunter les passages du Nord-Ouest --le long de l'Amérique-- et du Nord-Est --le long de la Russie-- sans avoir dû briser de la glace pour se frayer un chemin, a annoncé vendredi l'institut allemand Alfred Wegener.

«Le bateau de recherche scientifique Polarstern est rentré ce matin de l'Arctique à Bremerhaven (nord de l'Allemagne). C'est le premier à avoir traversé les passages du Nord-Ouest et du Nord-Est» sans avoir à briser de la glace, a dit une porte-parole de cet institut de recherche polaire.

La banquise arctique, qui a enregistré en août la deuxième plus forte fonte pour la saison d'été depuis le début des observations satellitaires il y a 30 ans, a totalement disparu dans les deux passages en septembre, avait affirmé l'Agence spatiale européenne (Esa) le 7 octobre.