Pays riches et en développement ont ouvert jeudi au Ghana une nouvelle session de négociations sur le futur accord de lutte contre le changement climatique, avec un sentiment d'urgence et un rappel à l'ordre de la part de l'ONU.

«Le temps presse, l'heure tourne», a lancé Yvo de Boer, secrétaire exécutif de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques (CNUCC), aux quelque 1600 délégués de 160 pays, d'organisations non-gouvernementales et du monde économique réunis jusqu'à mercredi à Accra.

«Il nous reste peu de temps, clairement l'heure tourne», a-t-il insisté en citant un proverbe ashanti: «Quand la maison brûle, on ne perd pas de temps à pérorer».

La communauté internationale s'est donné jusqu'en décembre 2009 pour définir un nouveau cadre de lutte contre l'effet de serre, qui devra succéder au Protocole de Kyoto dont la première phase arrive à échéance en décembre 2012.

La conférence d'experts d'Accra est le troisième rendez-vous depuis la conférence ministérielle de Bali en décembre 2007, et la dernière avant le grand rendez-vous ministériel de la CNUCC à Poznan (Pologne) en décembre prochain.

Ce sentiment d'urgence est d'autant plus fort que la réunion se tient sur le continent africain, région du monde particulièrement vulnérable aux dérèglements climatiques et démunie pour y répondre.

«Les précipitations au Ghana ont diminué de 20% en 30 ans, 1000 km2 de terres arables ont été perdues dans le delta de la rivière Volta du fait de la montée de l'océan», a rappelé M. de Boer en sommant les délégations de se montrer «ambitieuses, car si vous échouez, l'Afrique restera le continent oublié du changement climatique».

Pour le président du Ghana John Kufuor, hôte de la réunion, évoquant lui aussi «le tic-tac de l'horloge», il s'agira notamment à Accra d'envisager comment financer et soutenir les mesures d'adaptation dans les pays comme le sien, alors que plusieurs études internationales récentes ont évalué les besoins annuels en dizaines de milliards de dollars, a-t-il rappelé.

Mais selon M. de Boer, «les gouvernements doivent également se concentrer sur les efforts de réduction des émissions causées par la déforestation et par la dégradation des forêts», qui concernent particulièrement certains grands pays en développement comme l'Indonésie ou le Brésil, et des régions comme le Bassin du Congo.

Parallèlement, les pays riches, tous signataires du Protocole de Kyoto à l'exception des États-Unis, doivent préciser quels seront leurs objectifs de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre sous le prochain régime, et quels sont les instruments qu'ils entendent mobiliser pour y parvenir.

«Les résultats d'Accra permettront de décider à Poznan de l'ampleur des réductions d'émissions dans les pays développés», avait expliqué M. de Boer à l'AFP avant l'ouverture de la réunion.

Selon les scientifiques du Groupe d'experts mandatés par l'ONU (le GIEC), les pays riches doivent au moins réduire de 50%, voire 80%, leurs émissions polluantes d'ici 2050 (par rapport à 1990), avec comme premier objectif à moyen terme une réduction de -25 à -40% d'ici 2020.

Filant la métaphore olympique - «plus vite, plus haut, plus fort» - le Fonds mondial pour la nature (WWF) a souhaité jeudi dans un communiqué que «les progrès enregistrés à Accra soient plus rapides, le niveau d'ambition plus élevé et les mesures de réduction des gaz plus fortes».