La République démocratique du Congo a officialisé son projet d'exploiter du pétrole dans les parcs naturels des Virunga (nord-est), le plus ancien d'Afrique, et de la Salonga (centre), d'après un document diffusé vendredi.

Le gouvernement congolais projette le «déclassement par décret d'une zone à intérêt pétrolier» dans les deux parcs, selon un compte-rendu d'un conseil des ministres en date du 8 juin, diffusé seulement ce vendredi.

La «zone d'intérêt pétrolier» concerne 172 075 hectares des Virunga soit 21,5% de la surface totale du parc classé au patrimoine mondial par l'Unesco, d'après le compte-rendu qui ne donne aucun chiffre pour la Salonga.

Le ministre des Hydrocarbure a demandé «l'autorisation de constituer, avec son collègue de l'Environnement et du Développement Durable, une commission interministérielle» pour préparer les deux décrets.

«Après examen, le Conseil des ministres a accordé les deux autorisations», précise le compte-rendu.

Ce projet de «commission» pour étudier le «déclassement» partiel de deux des joyaux naturels et touristiques de la RDC avait été révélé par l'ONG Global Witness le 3 mai.

L'ONG avait demandé l'arrêt de ce projet en dénonçant «des conséquences catastrophiques» pour l'environnement: «Le parc de la Salonga abrite près de 40 % de la population mondiale de bonobos, tandis que celui des Virunga constitue un habitat vital pour de nombreuses espèces protégées, les hippopotames, les éléphants et certains des derniers gorilles des montagnes au monde».

Dans les Virunga, le plus ancien parc naturel d'Afrique, les réserves pétrolières sont estimées à «6758 milliards de barils avec les recettes budgétaires additionnelles de sept milliards de dollars», d'après une note du ministre que l'AFP avait pu consulter.

Le parc des Virunga a suspendu ses activités touristiques jusqu'à la fin de l'année après la mort d'une ranger et l'enlèvement de trois personnes dont deux touristes britanniques le 11 mai.

À la frontière avec le Rwanda et l'Ouganda, les Virunga s'étendent sur 7800 km2 dans la province du Nord-Kivu, fief de plusieurs milices et groupes armés.