L'un, le poisson-lapin, dévore les algues cruciales pour la survie de nombreuses espèces; l'autre, le poisson-ballon, concurrence les pêcheurs. Déclarées «invasives» en Méditerranée, ces deux espèces sont traquées dans plusieurs pays.

Comme le poisson-lion, les poissons-ballons et les poissons-lapins sont arrivés depuis la mer Rouge via le canal de Suez, relève la plateforme Medmis de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

À Chypre, le département de la Pêche et le ministère de l'Agriculture ont mis en place, avec l'Union européenne (UE), un programme récompensant les captures de poissons-ballons («Lagocephalus sceleratus», selon leur nom scientifique) pour limiter la prolifération de cette espèce toxique qui s'attaque aux prises des pêcheurs, dévorant crevettes, crabes et poissons indigènes.

Les petits pêcheurs reçoivent trois euros par kilo de poisson-ballon pêché. Entre 2012 et 2015, plus de 83 tonnes ont ainsi été sorties des eaux pour un paiement cofinancé par Chypre et l'UE de près de 250 000 euros. Le programme se poursuit jusqu'en 2020.

Le poisson-lapin («Siganus»), herbivore et bien implanté en Méditerranée orientale - sept poissons sur 10 pêchés au Liban sont des poissons-lapins - , est lui surveillé de près pour éviter qu'il ne colonise l'ouest de cette mer.

Sa prolifération qui aboutirait à «la disparition des forêts d'algues dressées serait une catastrophe écologique», estime Patrice Francour, directeur adjoint du laboratoire Ecomers à l'Université de Nice-Sophia Antipolis, en rappelant que ces algues sont «de véritables pouponnières pour de nombreux juvéniles de poissons et d'invertébrés».

«Pour la Méditerranée occidentale, la meilleure stratégie actuelle est la détection précoce de tout nouveau poisson-lapin. Cela permet alors de l'éradiquer», dit-il.

Une fiche établie par Ecomers sous forme de «Wanted!» (avis de recherche) demande ainsi à toute personne d'avertir le laboratoire en cas d'observation ou de pêche de poisson-lapin.