Les attentes sont grandes pour la refonte du processus d'évaluations environnementales. Le gouvernement Trudeau doit déposer un projet de loi cette semaine, deux ans après avoir lancé une vaste révision.

Le ministre des Ressources naturelles, Jim Carr, a promis lundi une «réforme substantielle» des évaluations qui mènent à l'approbation d'oléoducs et de tout autre projet de juridiction fédérale.

Le premier jalon de cette réforme sera connu mardi lors d'une conférence de presse du ministre des Pêches et Océans, Dominic LeBlanc, qui devrait annoncer des modifications à la Loi sur les pêches.

«On a connu le pire avec le gouvernement Harper», a affirmé le porte-parole de Greenpeace au Québec, Patrick Bonin, en entrevue.

«La première chose à faire c'est de retirer les évaluations environnementales des agences comme l'Office national de l'énergie ou la Commission canadienne de sûreté nucléaire et de les remettre à une instance spécialisée dans les évaluations environnementales et indépendante des lobbys», a-t-il ajouté.

La ministre de l'Environnement, Catherine McKenna, a rappelé à sa sortie de la Chambre des communes que le nouveau processus devra rétablir la confiance des citoyens, inclure des partenariats avec les communautés autochtones et s'appuyer sur des faits scientifiques éprouvés.

«Avoir un processus qui reconnaît que l'économie et l'environnement vont de pair, ça va assurer qu'on a la confiance des Canadiens, a-t-elle affirmé. Sans cette confiance, il est difficile pour les projets d'aller de l'avant.»

Mais les attentes risquent d'être déçues, selon la chef du Parti vert, Elizabeth May, qui demande que le projet de loi fasse table rase des modifications controversées apportées par le gouvernement Harper en 2012.

Mme May note que les agences de réglementation fédérales, comme l'Office national de l'énergie (ONÉ) et la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN), doivent absolument être exclues du processus d'évaluation environnementale.

«Je n'ai pas vu le projet de loi, mais s'il inclut un rôle pour l'ONÉ, les offices des hydrocarbures extracôtiers ou la CCSN - une »innovation« du gouvernement Harper - et s'il restreint le nombre annuel de projets (sous évaluation) de quelques milliers à quelques douzaines, alors le gouvernement aura conservé une grande partie de ce que Harper avait fait», a-t-elle dit en précisant que les conversations qu'elle avait eues avec des employés d'Environnement Canada à ce sujet avaient été décevantes.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) souligne que cela aura pris deux ans au gouvernement Trudeau pour accoucher de sa réforme.

«Il y a combien d'autres projets qui vont être autorisés avec le processus actuel? Combien de temps est-ce que ça va prendre à adopter leur projet de loi? Est-ce qu'ils vont le déposer et il ne sera pas étudié rapidement?» a demandé le député Alexandre Boulerice en entrevue.

Le gouvernement Trudeau avait approuvé deux importants projets d'oléoducs en novembre 2016, soit le controversé Trans Mountain de Kinder Morgan et le remplacement de la Ligne 3 d'Enbridge. Malgré tout, l'incertitude persiste dans l'industrie pétrolière, selon le porte-parole conservateur en matière d'environnement, Ed Fast, qui craint qu'elle ne soit exacerbée.

«Il est clair que le gouvernement veut des consultations encore plus rigoureuses et, soyons francs, certains Canadiens vont seulement accepter un processus qui débouche sur un non», a-t-il soutenu.

Le projet de loi qui sera déposé cette semaine permettra au gouvernement Trudeau de donner suite à l'une de ses promesses-phares. Il s'était engagé lors de la campagne électorale de 2015 à redonner de la crédibilité au processus d'évaluation environnementale.