Après avoir vu deux ouragans de catégorie 4 frapper les États-Unis en moins d'un mois cet été, Philippe Couillard ne cache pas son étonnement par rapport au climatoscepticisme de Donald Trump.

«C'est surprenant de voir ça, alors que les États-Unis sont ravagés par des ouragans, des événements météorologiques extrêmes qui sont la démonstration concrète [du réchauffement climatique]», a déclaré le premier ministre québécois après sa participation à la session d'ouverture de Climate Week NYC, hier matin à Manhattan.

«Ceci étant dit, même quelqu'un qui a des doutes sur le climat comme M. Trump ne peut rien empêcher des initiatives des États, des villes, des communautés. La société civile des États-Unis s'est immédiatement mobilisée après l'annonce du retrait américain de l'accord de Paris», a-t-il ajouté.

Les États vont de l'avant



Philippe Couillard a commenté le climatoscepticisme du chef de la Maison-Blanche après avoir participé à une table ronde aux côtés de trois gouverneurs américains - ceux de Californie, de Washington et d'Hawaii -, qui ont également abordé ce sujet.

«Le président Trump et tous ses tweets ne peuvent pas empêcher aucun de nos États d'aller de l'avant», a déclaré le gouverneur démocrate de l'État de Washington, Jay Inslee, qui décrit les énergies renouvelables comme étant le secteur qui connaît la plus forte croissance aux États-Unis.

Son homologue démocrate de Californie, Jerry Brown, s'est réjoui de son côté de l'appui de neuf républicains à un texte de loi prolongeant jusqu'en 2030 le marché de carbone de son État, auquel participe le Québec.

«C'est la première fois, à ma connaissance, que des représentants républicains votent en faveur d'une action sur le climat. C'est une vraie fissure dans la cuirasse du négationnisme républicain sur le climat», a-t-il déclaré.

Pas de deuxième Baie-James



Lors d'une de ses interventions, Philippe Couillard s'est démarqué des apôtres d'une deuxième Baie-James, au nombre desquels figure le chef de la Coalition avenir Québec François Legault.

«Beaucoup de personnes réclament encore plus de barrages dans le nord du Québec, où nous en avons un nombre important. Mais ce n'est pas ce qui va nous emmener vers les 20, 25 prochaines années», a déclaré le premier ministre québécois.

«L'ère des grands barrages reviendra peut-être, mais pas dans un avenir prévisible», a-t-il ajouté, en prônant plutôt une décentralisation de la production d'énergie vers les propriétaires de maisons et l'aménagement de réseaux électriques intelligents.

En point de presse, Philippe Couillard a nié que son message s'adressait en particulier à François Legault. «Le message, c'est pour tout le Québec, a-t-il dit. Il faut arrêter de faire les choses comme [...] dans l'ancien Québec.»

Produire de l'électricité à la maison 

Le premier ministre québécois a ainsi évoqué «une véritable révolution» qui permettra aux propriétaires de maisons d'être leurs propres producteurs d'électricité et de négocier directement avec les services publics comme Hydro-Québec. Dans un tel système, un propriétaire pourra installer chez lui un panneau solaire et revendre un éventuel surplus d'énergie à Hydro-Québec.

«C'est ça l'aspect transactionnel dont je parle, a dit M. Couillard. Ce n'est pas de la science-fiction. Ça existe déjà au Vermont. Ça existe dans les pays européens.»