Le manque d'expertise au ministère des Ressources naturelles (MERN) augmente les risques liés à l'activité pétrolière et gazière, ont dénoncé mercredi des écologistes.

La Presse a rapporté en matinée que Québec a dû faire appel à des fonctionnaires albertains pour rédiger sa réglementation en matière d'hydrocarbures. Les trois ingénieurs qui faisaient partie de son équipe de rédaction cumulaient à peine trois années d'expérience au sein du MERN.

Faute d'une expertise adéquate, les nouvelles règles du ministère pourraient ne pas être en mesure de protéger la population et l'environnement, dénonce Patrick Bonin, porte-parole de Greenpeace. 

«Ce sont des risques supplémentaires de contamination de l'eau potable, de déversements, de santé et de sécurité des gens dans l'encadrement de cette industrie à haut risque, a-t-il dénoncé. Il faut avoir de l'expertise. Il ne faut pas être obligé d'appeler dans d'autres juridictions tous les jours pour se faire une tête.» 

M. Bonin note qu'on recense en moyenne deux déversements d'hydrocarbures par jour en Alberta. Le gouvernement de cette province, dont les fonctionnaires épaulent Québec, n'est donc «pas le plus rassurant» à ses yeux. 

Le président du Conseil du trésor, Pierre Moreau, a défendu le recours à l'expertise albertaine pour élaborer la réglementation québécoise sur le pétrole et le gaz. Il fait valoir que le gouvernement n'a pas à légiférer fréquemment dans ce secteur. 

«Pour le gouvernement, d'aller à l'externe est une bonne méthode, a-t-il dit. Pourquoi? Parce qu'on n'est pas à tous les jours à rédiger des règlements sur l'exploitation du pétrole et du gaz.» 

Le ministre des Ressources naturelles, Pierre Arcand, a réitéré sa confiance à l'équipe chargée de rédiger la réglementation sur les hydrocarbures. 

«Je tiens à réaffirmer qu'aucun règlement concernant l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures au Québec ne sera publié sans que l'expertise d'ingénieurs et de professionnels compétents ait été mise à profit», a-t-il assuré dans un communiqué. 

En décembre, le gouvernement Couillard a adopté sous bâillon le projet de loi 106 sur les hydrocarbures. Depuis, le MERN planche sur quatre projets de règlement pour encadrer l'exploitation pétrolière et gazière. 

Ces règlements baliseront l'aménagement des puits de forage et la fracturation hydraulique dans les milieux terrestre et marin. Ils détermineront aussi le montant des redevances que verseront les sociétés pétrolières et préciseront les règles sur la construction des pipelines.

L'APIGQ, qui a dénoncé le manque d'expertise au MERN, affirme que ses membres ont demandé en vain de recevoir une formation pour mieux connaître le domaine des hydrocarbures. Les 1400 membres de ce syndicat sont en grève depuis le 24 mai.