L'administration Trump a rejeté une pétition de plusieurs groupes environnementaux qui cherchaient à faire interdire un pesticide controversé largement utilisé dans l'agriculture.

Cette décision a été annoncée par le patron de l'Agence de protection de l'environnement (EPA) Scott Pruitt, tard mercredi dans un communiqué. Elle renverse les efforts de Barack Obama en vue d'interdire l'usage de ce produit sur des fruits et d'autres récoltes, après qu'une étude fédérale eut conclu que cette substance chimique pouvait avoir des effets néfastes sur le cerveau des enfants et nourrissons.

Le chlorpyriphos, fabriqué par Dow Chemical, est très utilisé notamment dans les cultures d'agrumes, les pommiers et les cerisiers.

Scott Pruitt, explique avoir décidé de ne pas l'interdire pour fournir aux nombreux agriculteurs qui en dépendent «une certitude réglementaire».

«En renversant les mesures de la précédente administration en vue d'interdire ce pesticide qui est le plus utilisé dans le monde, nous revenons à la pratique consistant à prendre des décisions sur des bases scientifiques solides plutôt que sur des résultats prédéterminés», explique-t-il.

Des groupes de protection de l'environnement accusent M. Pruitt de privilégier les intérêts de l'industrie chimique au détriment de la santé du public.

«Le refus de l'EPA d'interdire ce pesticide dangereux est inadmissible», estime Patti Goldman, l'avocat de l'ONG Earthjustice, promettant de bloquer cette décision en justice.

Pour Miriam Rotkin-Ellman, une scientifique du Natural Resources Defense Council (NRDC), «l'EPA ignore des preuves scientifiques abondantes (...) indiquant que ce pesticide provoque de sérieux dommages aux enfants et à leur développement cérébral et accroît le risque de handicap pour apprendre, de réduction du quotient intellectuel et d'autisme».

Le pesticide est utilisé depuis 1965 et des traces ont été trouvées dans des canalisations d'eau. Les scientifiques ont également signalé qu'un usage excessif de cette substance chimique pourrait entraîner une résistance chez les insectes, réduisant son efficacité.

L'EPA avait interdit son utilisation à l'intérieur des habitation en 2000 et imposé en 2012 des restrictions empêchant sa pulvérisation autour de certains lieux sensibles comme les établissements scolaires.

L'Agence avait aussi indiqué que, selon ses analyses, les résidus de chlorpyriphos dans la nourriture ne présentaient pas de risque pour la santé.

Mais elle avait aussi dit qu'elle n'était pas en mesure de conclure qu'une exposition combinée avec l'eau provenant de certains bassins hydrographiques était conforme aux normes fédérales en terme d'innocuité.