La lutte contre le réchauffement climatique et les mesures pour l'environnement sont mises à mal dans le premier projet de budget de Donald Trump, qui ampute de près d'un tiers l'enveloppe de l'Agence de protection de l'environnement et réaffirme son peu de considération pour la science.

Dans ce document transmis jeudi au Congrès, qui a le dernier mot en matière budgétaire, la Maison-Blanche cherche à réduire le budget de l'EPA (Environmental Protection Agency) de 2,6 milliards de dollars sur les 8,3 milliards actuels.

Quelque 3200 emplois seraient supprimés, soit le cinquième des effectifs.

Une telle coupe ferait tomber le budget de l'agence à son plus bas niveau depuis 40 ans, éliminant les fonds pour la recherche sur le changement climatique, les programmes de protection environnementale des États et des projets comme l'initiative de restauration des Grands Lacs et de la Baie de Chesapeake, qui dans ces derniers cas bénéficient d'un soutien bipartite.

Ainsi, le budget de cent millions de dollars consacré à la mise en oeuvre du «Clean Power Plan» décrété par l'ancien président Barack Obama pour réduire les émissions de gaz à effet de serre des centrales électriques au charbon est purement et simplement éliminé.

M. Trump entend également réduire l'enveloppe octroyée par les États-Unis aux Nations unies pour combattre le changement climatique et ils demandent aussi l'élimination de quatre programmes de la NASA consacrés à la science du climat. Le programme du satellite Observatory-3, qui aurait dû surveiller les émissions de dioxyde de carbone (CO2) dans l'atmosphère, serait notamment abandonné.

Moteur de la recherche 

L'administration Trump veut aussi supprimer un programme de 250 millions de dollars dédié à la protection des écosystèmes côtiers de l'Agence nationale océanique et atmosphérique (NOAA).

Les coupes proposée par l'Administration Trump dans l'EPA sont d'une ampleur largement plus grande que celles préconisées par les républicains au Congrès, dont un grand nombre sont hostiles aux réglementations de l'agence qu'ils voient comme des obstacles à l'activité économique.

Ainsi, pour le budget 2017, la commission de la Chambre responsable des attributions budgétaires avait proposé un budget de huit milliards de dollars pour l'EPA, réduisant de seulement 291 millions le montant proposé par le président Obama.

Selon le New York Times, citant des sources proches des préparatifs du projet budgétaire, même l'administrateur de l'EPA Scott Pruitt, l'ancien procureur général de l'Oklahoma hostile aux réglementations de l'agence, a plaidé pour une réduction moins drastique du budget. Il aurait proposé de le ramener à sept milliards (-1,3 milliard) mais sans succès.

Outre l'EPA, qui est le plus durement touché par les projets de réductions budgétaires, la Maison-Blanche entend également tailler dans le budget des Instituts nationaux de la santé (NIH), principal moteur de la recherche médicale aux États-Unis. Son enveloppe serait réduite de 18% à 25,9 milliards de dollars.

Bien qu'attendues, les propositions budgétaires de M. Trump sur le climat et l'environnement ont été fermement condamnées par les écologistes et des scientifiques.

«Corruption et cynisme»

«Les États-Unis ont une responsabilité morale de protéger ceux qui sont les plus affectés par le changement climatique et ce projet de budget ignore ce fait», a réagi Tina Johnson, une responsable de l'ONG US Climate Action Network.

«Nous savons que le coût de la lutte contre le réchauffement n'est qu'une infime partie du budget fédéral américain avec 0,04% de 2010 à 2015», a-t-elle pointé.

Pour Greenpeace, «l'Administration Trump considère clairement les groupes industriels comme son véritable électorat, pas le peuple américain».

«Cette proposition de budget révèle la corruption, le cynisme et le petit esprit de cette Maison-Blanche», a ajouté le porte-parole de l'organisation, Travis Nichols.

Le directeur général du World Resources Institute, Manish Bapna, estime quant à lui que «l'Administration Trump devrait respecter la science et continuer à répondre à l'impact grandissant du changement climatique dont les risques sont bien compris par les communautés scientifique et militaire».

Il cite la multiplication des sécheresses, l'augmentation des pénuries alimentaires et les mouvements migratoires.

«Maintenant c'est au Congrès de trancher», conclut l'environnementaliste.

AP

Scott Pruitt