Les conditions météorologiques affectant la vie quotidienne des Américains paraissent influencer ce qu'ils pensent du changement climatique: ceux qui vivent dans des régions chaudes ont davantage tendance à croire à la réalité du réchauffement planétaire que ceux résidant là où il fait froid.

«Si l'on vit dans un endroit où il y a eu dernièrement davantage de records de froid que de chaleur, on a peut-être tendance à douter du changement climatique planétaire», écrivent les auteurs de cette étude parue lundi dans les Comptes rendus de l'Académie américaine des sciences (PNAS).

De nombreuses personnes confondent le climat, qui reflète des tendances sur plusieurs décennies à l'échelle de la planète, de la météorologie, qui détermine à un endroit donné le temps variable d'un jour à l'autre et en fonction des saisons.

«L'une des grandes difficultés de communiquer les données et découvertes scientifiques est l'absence de lien dans la tête du public entre les phénomènes locaux et ceux à l'échelle planétaire», pointe Michael Mann, professeur adjoint de géographie à l'Université George Washington, l'un des principaux auteurs de cette étude.

«Il est facile de penser que ce qui arrive chez vous se passe aussi dans le reste du monde», ajoute-t-il.

«À qui croyez-vous que les Américains font confiance sur la question du changement climatique: aux scientifiques ou à eux-mêmes ?», lance Robert Kaufmann, professeur de géographie à l'Université de Boston, un des principaux coauteurs.

«Pour un grand nombre, la réponse est: eux-mêmes», ajoute-t-il.

Selon plusieurs enquêtes, jusqu'à 25 % des Américains ne croient pas à la réalité du réchauffement climatique, ou que les émissions de gaz à effet de serre résultant d'activités humaines y contribuent dans une large mesure.

Ces chercheurs relèvent qu'une partie de cette dichotomie pourrait s'expliquer par la terminologie utilisée au début de la découverte du changement climatique, suggérant que la Terre se réchauffait, mais sans expliquer les innombrables autres changements qui se produisent et sont aussi mesurables.

Selon eux, cela pourrait par exemple avoir conduit les personnes vivant dans des régions ayant eu un hiver inhabituellement froid à mettre en doute la réalité du changement climatique.