Les groupes environnementaux aux États-Unis sonnent la mobilisation générale contre Donald Trump, qui a promis durant sa campagne de défaire les lois et réglementations pour la protection de l'environnement et la lutte contre le réchauffement climatique.

Le président élu a ainsi indiqué son intention de retirer les États-Unis, deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre après la Chine, de l'accord de Paris sur le climat signé fin 2015 par 192 pays. Mais il a toutefois modéré sa position une fois élu.

Il a ainsi dit dans une récente interview au New York Times «garder un esprit ouvert» sur le climat et l'accord de Paris et a reconnu «un lien entre les activités humaines et le changement climatique».

Lundi, il a longuement reçu à New York l'ancien vice-président Al Gore, le plus célèbre apôtre de la lutte contre le réchauffement climatique.

«J'ai trouvé que c'était une conversation extrêmement intéressante, et appelée à se poursuivre», a dit Al Gore après son entrevue avec le magnat de l'immobilier.

Les écologistes n'en restent pas moins aux aguets: «Si Trump essaye de revenir sur la lutte contre le changement climatique et la protection de l'environnement, nous le combattrons dans les tribunaux, dans la rue et au Congrès», promet Michael Brune, qui dirige le Sierra Club, une des plus grandes ONG américaines de défense de la nature, forte de 2,4 millions de membres.

«Nous avons eu davantage de nouveaux adhérents rejoignant le Sierra Club durant les trois semaines qui ont suivi l'élection que depuis le début de l'année, et 9000 donateurs supplémentaires», précise-t-il dans un entretien avec l'AFP. «Les gens sont inquiets et en colère».

Véritable mouvement de soutien 

Les écologistes déplorent les choix du président élu pour former son équipe de transition concernant l'environnement, forte de milliardaires liés aux industries du pétrole et du charbon et de climato-sceptiques notoires.

Selon un responsable de l'équipe de transition de M. Trump, cité par le New York Times, l'un d'eux a été retenu pour diriger l'Agence de l'environnement (EPA), principal outil avec lequel Barack Obama impose par voie réglementaire une réduction des émissions de carbone.

Il s'agit de Scott Pruitt, un républicain de 48 ans qui a passé l'essentiel de son temps alors qu'il était ministre de la Justice de l'Oklahoma à se battre contre l'agence à la tête de laquelle il vient d'être nommé.

Le PDG d'Exxon Mobil, Rex Tillerson, pourrait aussi devenir secrétaire d'État.

Interrogé par l'AFP, Susan Casey-Lefkowitz, chef de programme du Natural Resources Defense Council (NRDC), qui compte 2,5 millions de membres, a souligné que depuis l'élection «il y a un véritable mouvement de soutien, avec un nombre grandissant de personnes nous rejoignant pour lutter contre tout démantèlement potentiel des protections environnementales».

«Les gens inondent aussi les élus du Congrès de courriels et ensemble nous préparons une pétition qui sera transmise à M. Trump pour lui faire savoir que les Américains ne veulent pas de retour en arrière sur l'environnement», précise-t-elle. 

Imprévisible 

Une des tactiques est de mettre l'accent sur l'importance de préserver la qualité de l'air et de l'eau, des objectifs partagés par tous, même par les partisans du président élu, explique l'experte.

Pour May Boeve, directrice de l'ONG internationale 350.org, la meilleure façon de mobiliser les classes populaires qui ont voté Trump «est de promouvoir une économie avec 100% d'énergies renouvelables, qui marche pour tout le monde».

«Les énergies propres sont le plus grand créateur potentiel d'emplois au XXIe siècle tandis que le changement climatique demeure notre plus grande menace», fait-elle valoir.

L'ONG basée à New York «se prépare pour le combat de nos vies», et prévoit une mobilisation de masse à Washington quand Donald Trump sera à la Maison Blanche.

Plus nuancé, Elliot Diringer, un expert du Center for Climate and Energy Solutions, organisation à but non lucratif bipartite qui agit pour concilier production d'énergie et protection du climat, estime que ce que va faire Donald Trump reste à ce stade «imprévisible».

La rencontre avec Al Gore et ses propos au New York Times sont juste des indices «mais qui sont encourageants», reprend Elliot Diringer. «On ne peut toutefois pas préjuger de ses actions».