Le trou dans la couche d'ozone au-dessus de l'Antarctique est finalement en train de se résorber, près de 30 ans après la signature du protocole de Montréal interdisant la production des produits chimiques qui en étaient responsables.

C'est du moins ce qu'affirme une nouvelle étude américaine, qui explique par des phénomènes naturels comme des éruptions volcaniques les résultats précédents indiquant que le trou au-dessus de l'Antarctique s'agrandissait.

«Nous avons la première preuve que le protocole de Montréal fonctionne», a affirmé Douglas Kinninson, climatologue à la Corporation universitaire pour la recherche atmosphérique (UCAR) et coauteur de l'étude parue dans la revue Science, joint au Colorado. «Il y a beaucoup de variation d'année en année, mais la superficie maximale du trou est sur une pente descendante depuis l'an 2000.»

Le trou dans la couche d'ozone en Antarctique est plus étudié que celui de l'Arctique parce qu'il est deux fois plus gros en raison du froid ambiant. Il se forme lentement durant l'hiver austral, atteignant son maximum en octobre. Les chercheurs ont calculé que le moment où il dépasse 12 millions de kilomètres carrés est de plus en plus tardif, passant de la mi-août en 2000 au début du mois de septembre en 2015. Ce moment était plutôt vers la fin du mois de septembre au début des années 80.

Une «grande surprise»

L'auteure principale de l'étude, Susan Solomon, du Massachusetts Institute of Technology, a été impliquée dans les années 80 dans les négociations ayant mené au protocole de Montréal. Elle a notamment été coauteure de l'étude qui, en 1986, a incontestablement lié les chlorofluorocarbones (CFC), utilisés notamment dans les climatiseurs d'ancienne génération, au trou dans la couche d'ozone. «C'est une grande surprise, a déclaré Mme Solomon par voie de communiqué. Je ne pensais pas que ça arriverait aussi vite.» Elle n'était pas disponible hier pour discuter de l'étude.

L'étude de Science a découvert un autre mystère: la réduction des CFC dans l'atmosphère n'explique que la moitié de la diminution du trou dans la couche d'ozone. «Il se peut que la destruction de l'ozone par les CFC ait un impact sur la circulation dans la stratosphère, dit M. Kinninson. Il se peut aussi que les changements climatiques aient un impact sur la taille du trou dans la couche d'ozone.»

La contribution humaine au trou dans la couche d'ozone ne cessera que vers 2050 ou 2060, selon M. Kinninson, parce que certains CFC ont une durée de vie de 100 ans. La production industrielle de CFC n'a touché le trou dans la couche d'ozone qu'à partir des années 80, parce qu'il faut une certaine quantité de CFC pour que la réaction chimique de destruction de l'ozone ait lieu.

La destruction de la couche d'ozone par les CFC industriels augmente le risque de cancer de la peau aux latitudes polaires, parce que l'ozone intercepte les rayons UV. Il semble aussi y avoir une interaction entre la taille du trou dans la couche d'ozone et l'ampleur des banquises polaires, selon M. Kinninson.