Ancien joueur de football américain, Syd Kitson a les poches bien garnies et une fibre d'écologiste bien développée, ce qui lui a permis de lancer en Floride la construction de la première ville américaine uniquement alimentée par l'énergie solaire.

Dix ans après avoir acquis le terrain, la construction bat aujourd'hui son plein pour ce qui sera la première cité verte du pays, une ville capable d'accueillir 50 000 personnes.

Aucune maison n'est encore achevée, mais les premiers résidants devraient être en mesure d'emménager en début d'année prochaine, estime Syd Kitson, 57 ans, qui a joué dans la lucrative NFL pendant cinq saisons avant de devenir promoteur immobilier.

«On est en train de créer une nouvelle ville», souligne l'ancien joueur des Packers de Green Bay et des Cowboys de Dallas. «Notre mission est de prouver que croissance raisonnable et protection de l'environnement peuvent aller de pair».

Plutôt que de bâtir un énième quartier résidentiel ou un lotissement éloigné du centre-ville, il a décidé de construire une ville écologique de A à Z, avec tout le confort nécessaire à la vie moderne, à Punta Gorda, dans le comté de Charlotte, en Floride.

Son projet prévoit un établissement scolaire public, un quartier avec boutiques et restaurants, des chemins de randonnée et des lacs pour s'adonner aux sports nautiques.

Les habitants de «Babcock Ranch» devraient pouvoir à terme commander avec leurs téléphones intelligents une voiture sans chauffeur pour se déplacer.

Appartements et maisons imposantes sont conçus pour des occupants de tous âges, à des prix allant de 200 000 à 800 000 $ (environ 250 000 à 1 million en dollars CAN), selon M. Kitson.

La fin de la première phase de construction, avec 1100 logements, est prévue d'ici 2017.

La ville devrait être équipée des toutes dernières technologies écologiques et être certifiée respectueuse des critères de développement durable par la Coalition pour la construction verte de Floride.

De nombreux obstacles

Mais le parcours a été truffé d'obstacles. À commencer par la crise financière mondiale de 2007, qui a éclaté juste après l'achat des terrains. La construction est un temps restée au point mort.

Des habitants ont aussi argué que le projet allait porter atteinte à l'environnement et affecter leur mode de vie rural. Certains ont menacé de lancer des poursuites pour tenter de bloquer la vente du terrain par ses propriétaires depuis 1914, les Babcock.

M. Kitson est parvenu à éteindre l'opposition en achetant les presque 370 km2 détenus par la société familiale Babcock Florida avant d'en revendre la grande majorité - 295 km2 - à l'État de Floride pour créer une réserve naturelle.

Il a versé environ 700 millions de dollars (près de 883 millions de dollars CAN) à la famille Babcock, puis récupéré quelque 350 millions avec la vente des terrains à l'État, a indiqué sa porte-parole à l'AFP.

Et il y avait aussi des doutes sur la possibilité de produire de l'énergie solaire à un prix abordable.

«Une ville alimentée en électricité par le Soleil ? Ça ne s'était jamais fait auparavant», a relevé Eric Silagy, PDG de la compagnie d'électricité Florida Power and Light (FPL).

Lorsqu'il a rencontré le promoteur immobilier pour la première fois il y a neuf ans, M. Silagy l'a prévenu du coût élevé de l'énergie solaire.

«Syd a écouté avec grande attention et il a dit "OK. On va tout simplement vous donner le terrain"», se souvient le patron du producteur d'électricité. «Et, honnêtement, ça m'a surpris.»

Le promoteur a finalement donné 179 hectares à FPL pour la construction d'une ferme solaire.

Si les documents de présentation du projet évoquent «la première ville au monde marchant à l'électricité entièrement solaire», l'énergie produite par l'installation solaire n'alimentera pas directement le nouvel écovillage, mais sera injectée dans le réseau de FPL.

Reste que la ferme solaire de 75 mégawatts produira suffisamment d'électricité pour alimenter 21 000 foyers, soit environ le même nombre prévu à terme à Babcock Ranch, a précisé un porte-parole de FPL qui, grâce à ce projet, triplera sa capacité solaire actuelle.

«Il nous a poussés à être meilleurs, à être créatifs, pour faire les choses différemment», a confié M. Silagy. «C'est un homme qui n'accepte pas qu'on lui dise "non"».