Alors que les Nations unies lancent aujourd'hui à New York la période de signature de l'Accord de Paris sur les changements climatiques, la planète envoie des signaux de détresse, et les bonnes nouvelles environnementales se font rares. Petit tour d'horizon à l'occasion du jour de la Terre.

La Grande Barrière blanchit

L'eau exceptionnellement chaude du Pacifique a ravagé un des plus grands écosystèmes du monde, ces dernières semaines. La Grande Barrière de corail, qui longe la côte est de l'Australie et couvre près de 350 000 km2 - l'équivalent de la superficie de l'Allemagne - a subi un épisode de blanchissement sans précédent. Dans le tiers nord de la barrière, 81 % des coraux sont sévèrement blanchis. Le blanchissement survient quand le corail, qui est un animal, est forcé d'expulser les algues microscopiques qui vivent en symbiose avec lui, lui fournissant de l'oxygène et des nutriments. Si l'eau ne se refroidit pas rapidement, le corail meurt. Les scientifiques estiment que l'épisode de blanchissement de cette année, même s'il est accentué par le phénomène El Niño, est indissociable du réchauffement climatique causé par l'activité humaine.



photo archives agence france-presse

Dans le tiers nord de la Grande Barrière de corail, 81 % des coraux sont sévèrement blanchis.

Chaleur record

La planète ne semble pas avoir pris note des grandes déclarations du sommet de Paris sur le climat. L'année 2015 a fracassé tous les records de chaleur, et les trois premiers mois de l'année 2016 sont de la même tendance : ultra-chauds. L'impact est déjà visible sur la banquise arctique, dont le maximum, atteint à la fin de mars, est le plus bas jamais observé depuis 37 ans de données satellitaires. « L'Arctique est en crise, a affirmé Ted Scambos, scientifique en chef de l'observatoire américain des glaces et de la neige (NSIDC). D'une année à l'autre, son état se transforme, et c'est difficile de penser que cela n'aura pas un impact sur la météo dans tout l'hémisphère Nord. »



photo nacho doce, archives reuters

L’année 2015 a fracassé tous les records de chaleur, et les trois premiers mois de l’année 2016 sont de la même tendance : ultra-chauds.

Fonte extra-hâtive au Groenland

La semaine dernière, le 11 avril, plus de 10 % de la surface de la calotte glaciaire du Groenland était au-dessus du point de congélation. C'est presque un mois plus tôt que le record précédent, établi le 5 mai 2010. La saison du dégel au Groenland s'étend normalement de juin à septembre et certaines régions ne dégèlent jamais. Mais on se dirige peut-être vers une autre année record, comme celle de 2012 quand 95 % de la calotte a subi un dégel au cours de la saison. La calotte glaciaire du Groenland contient assez d'eau pour ajouter sept mètres au niveau des océans. Depuis 10 ans, le Groenland a perdu 1000 milliards de tonnes de glace, selon la NASA.



photo brennan linsley, archives associated press

Le Groenland a perdu près de 2700 milliards de tonnes de glace entre 2003 et 2013 comparativement à environ 2500 milliards estimés précédemment

Émissions de GES en « pause » ?

Une pause dans la croissance des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) était prévue pour 2015, selon une recherche publiée dans Nature Climate Change en décembre. Si cette pause se confirme, elle poursuivrait la lancée de 2014, qui marquait la première fois que les émissions mondiales de GES reliés à la production d'énergie reculaient alors que l'activité économique augmentait. Cela dit, il faut une décroissance rapide des émissions de GES pour stabiliser le climat et respecter les engagements du sommet de Paris.



Photo Martin Meissner, Archives La Presse Canadienne

Une pause dans la croissance des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) était prévue pour 2015, selon une recherche publiée dans Nature Climate Change en décembre.

Tigres : fausse bonne nouvelle

La nouvelle parue cette semaine a de quoi réjouir, mais elle est maintenant mise en doute. Le nombre de tigres dans la nature a augmenté ces dernières années, de 3200 en 2010 à 3890 aujourd'hui, selon le World Wildlife Fund (Fonds mondial pour la nature). Cependant, l'affirmation a été descendue en flammes par quatre experts biologistes de la Wildlife Conservation Society, affirmant que le rapport du WWF n'était pas convaincant scientifiquement parce qu'il est basé sur des extrapolations. Et, disent-ils, cela ne change rien aux données fondamentales : 93 % de l'habitat naturel du tigre a disparu, dont 40 % dans la dernière décennie. Le Cambodge, le Vietnam, le Laos et la Chine ont perdu des populations locales de tigres récemment.



PHOTO ARCHIVES AFP

Le nombre de tigres dans la nature a augmenté ces dernières années, de 3200 en 2010 à 3890 aujourd'hui, selon le World Wildlife Fund. Cependant, l'affirmation a été descendue en flammes par quatre experts biologistes de la Wildlife Conservation Society.

Quatre îles protégées ?

La préservation de quatre îles dans la région de Montréal - une à Carignan et trois à Laval - a franchi une étape importante cette semaine. La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) financera leur acquisition à travers le programme pour la Trame verte et bleue du Grand Montréal, qui prévoit un financement à parts égales entre la municipalité, la CMM et le gouvernement du Québec. À Carignan, la nouvelle administration du maire René Fournier s'oppose à un projet immobilier dans l'île au Foin qui abrite un écosystème forestier exceptionnel. Selon le maire, la valeur marchande de l'île a été établie à 1,36 million de dollars par la CMM. À Laval, l'administration Demers appuie le rachat de trois grandes îles de la rivière des Mille Îles, mais n'a pas révélé son budget à cet égard.

PHOTO SAUVONSNOSTROISGRANDESILES.COM

La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) financera leur acquisition à travers le programme pour la Trame verte et bleue du Grand Montréal, qui prévoit un financement à parts égales entre la municipalité, la CMM et le gouvernement du Québec.